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A l'ombre du Mulu NP, Bornéo, 11.12.2017

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 26 nov. 2018
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 déc. 2018

Ah ah, à l’heure où j’écris nous sommes en plein trajet de nuit en bus. Long trajet ! Pile ce que nous voulions éviter et ce qui nous avez conduit à quitter le Sabah par les airs plutôt que par les terres. Mais, profitons de ce trajet pour revenir sur nos dernières péripéties dans cette nouvelle région du Sarawak, où les évènements ressemblent étrangement à ceux du Sabah…

Nous ce que nous aimons c’est les vols bien longs avec de grosses correspondances, alors imaginez notre surprise quand notre plan de vol pour rejoindre Mulu est le suivant : vol de 50mn pour Kota Kinabalu, escale de 2h avec pass pour le VIP lounge, vol de 50mn pour Miri, escale de 30mn, puis vol de 25mn pour Mulu… oui oui, un vol de 25mn !!! Nous décollons et, à peine 5mn plus tard, on nous offre un plateau repas. 5min, c’est d’ailleurs aussi le temps maximum que nous avons pour le manger, puisque 5 nouvelles minutes ce sont écoulées et c’est déjà l’heure de la redescente. La compagnie pourrait faire encore plus vite si l’équipage ne faisait pas la démonstration du gilet de sauvetage, qui là, serait vraiment inutile en cas de crash dans la jungle. Quoique vu le niveau d’humidité et de transpiration dans la jungle, on pourrait finalement bien se noyer.


Mais trêve de sensations fortes, voilà que ces quelques lignes m’ont déjà pris plus de temps que ce vol. Dans le minuscule hall de l’aéroport de Mulu, nous lisons mon nom sur la pancarte de l’employé de la guesthouse venu nous chercher. Ici ni taxis, ni bus. Il faut dire que ce n’est pas très utile. Le réseau routier du coin doit s’étendre sur une dizaine de kilomètres. En fait, Mulu, c’est vraiment un trou : perdu dans la jungle, aucun accès par route (seulement avion ou bateau le long du fleuve) et rien à y faire… excepté la découverte du parc national de Mulu, classé au patrimoine de l’UNESCO, et motivation de notre venue. Heureusement que celui-ci n’est pas fermé, car nous n’aurions même pas pu finir au bar du coin, il n’y a ici ni bar et, même, ni coin !

Nous découvrons une guesthouse située dans un très joli cadre et bien entretenue. Le site est agréable. Aussi rapidement que notre vol, nous planifions nos 4 prochains jours avec l’employé qui nous met tout ça dans un package contre quelques billets : marche au-dessus de la canopée, marche dans des grottes (qui font la réputation du parc) et trek dans la jungle… ce qui est bien avec ce programme c’est l’économie de crème solaire ! En fin de journée, nous partons à la découverte du village, une découverte qui s’arrête après 10mn de marche à l’arrivée au resort du coin qui marque la fin de la route. Nous prenons un peu de hauteur sur une colline karstique pour admirer la jungle à perte de vue où sinue un fleuve boueux… au milieu de tout ça une tâche bleu, un bleu « baignable » c’est la piscine du resort… zut !

Nous ne mangeons pas trop mal le premier soir, même si le riz commence à être aussi dur à avaler qu’évacuer. Au petit déj du lendemain matin, nous croyions s’être levés trop tard quand nous découvrons une assiette de noodles avec un œuf au plat dessus… ça aurait pu être pire, ça aurait pu être du riz ! A l’entrée du parc, nous rencontrons le guide avec qui nous découvrons la jungle par des sentiers sur passerelle en bois. Chenilles, stick insects et cris en tout genre nous accompagnent jusqu’au pied de la canopy walk, une des meilleures d’Asie du Sud-Est, dit-on.

400m de ponts suspendus s’enchainent entre les arbres à une hauteur de 20m, sympathique mais pas assez haut pour vraiment voir la canopée. Mais est-ce possible d’être vraiment au-dessus des arbres quand nous avons besoin de ceux-ci pour fixer les passerelles ?! Quoi qu’il en soit cette hauteur est suffisante pour observer deux beaux serpents aux couleurs « jungle ».

Apres un rapide repas où nous mangeons pour nous nourrir mais sans grand plaisir, nous rencontrons enfin Duncan, notre guide. Sympathique et connaisseur de son milieu, nous évoluons avec lui direction deux grottes, Deer Cave et Lang Cave. Le parc de Mulu possède quelques-unes des plus belles grottes au monde, favorisées par le combo géologique « karstique » et météorologique « pluvieux ».

L’entrée de Deer Cave est impressionnante, nous nous croyons dans un film de King-Kong ou Jurassic Parc, où la forêt luxuriante disparait dans un gouffre aussi sombre que profond. Deer Cave est la plus grande galerie souterraine au monde (2km de long pour 174m de haut), incroyable !!! Dedans, ont élus domicile plusieurs millions de chauve-souris. Ça se sent et ce voit au guano. Nous la traversons de bout en bout (ou presque), nous y admirons des couleurs surprenantes, des cascades mais ce qui frappe le plus, c’est le sentiment de se sentir minuscule… ici nul besoin de ramper, les insectes le font déjà dans le guano.

En sortant, nous constatons qu’il fait plus frais en dehors de la grotte mais au vu de la pluie qui s’abat sur nous, rien de si étonnant. Lang Cave, sa voisine, est plus petite mais offre, cependant, de superbes formations entre stalactites et stalagmites aux formes animales ou humaines datant de millions d’années… quel beau travail ! A l’abri, nous attendons ensuite l’envol des chauves-souris de Deer Cave qui se fait quotidiennement vers 18h, mais, ce soir-là, les 3 millions de « bat » resteront à l’abri des pluies diluviennes. Pas de repas pour elles qui dévorent 30 tonnes de moustiques par nuit. Leur radar ne marchant pas du tout par temps de pluie… tant pis, nous on se fera piquer ce soir !

Vendredi débute notre trek de 3 jours. Nous commençons en douceur sur un longboat à fond plat (bateau roi ici) qui glisse silencieusement, ou presque, sur l’eau au milieu de la jungle. Un arrêt obligé au marché d’artisanat du village, en considérant que les bracelets et animaux en perles est de l’artisanat local… dans ce cas, alors, tous les enfants des colonies sont de véritables artisans. Plus sérieusement, ce village est une initiative de sédentarisation des tribus voulue par le gouvernement pour décourager le nomadisme, qui plus est, les traditionnelles long houses en bambous sont ici en bétons… désolé mais nous ça nous encourage au nomadisme !

Plus loin, nous débarquons pour de nouvelles explorations souterraines. Wind Cave est traversée par une brise, d’où son nom. ClearWater Cave est gigantesque. Nous entrons dans la grotte la plus haute du monde, avec plus de 200m de hauteur sous plafond. Plusieurs escaliers descendent et remontent pour explorer les formations géologiques et la rivière souterraine. Ici et là, nous apercevons quelques cordes, ce sont celles des humains rampant qui se lancent à la découverte plus en profondeur des 200km de passages qui y sont recensés. La pause repas se fait, comme tout le monde, sur une plate-forme bien aménagée au bord de la résurgence de la rivière traversant ClearWater Cave. Une baignade ne s’y refuse pas, même s’il faut de l’énergie pour lutter contre le fort courant sortant.

Nous poursuivons notre aventure sur le longboat. Seul moment où nous pouvons profiter d’une légère brise. Il faut savoir manipuler l’embarcation, longue de plus de 5m pour à peine 1m de large, pour éviter les zones peu profondes et les bambous flottants. Au milieu de nulle part, nous débarquons et mettons les sacs sur le dos. C’est parti pour la première portion de marche. 9km s’enchainent à plat et à l’ombre des géants verdoyants où les minuscules suceur de sang sévissent. Deux ponts suspendus nous sortent de la masse pour apercevoir le soleil qui nous fait transpirer un peu plus. Ouf, voilà le camp 5 !

Un lieu ouvert au milieu de la jungle et bordé par une rivière. Apaisant et rafraichissant, nous voilà ici pour 2 nuits. L’hébergement est plutôt bien fait : des chambres ouvertes avec matelas et surtout tout cela à l’abri des pluies diluviennes du soir. Apres un nouveau repas « riz-ant », Duncan nous brief pour la grimpée aux Pinnacles du lendemain. Le sentier s’annonce costaud pour les jambes, 2,4km pour 1200m de dénivelée positive, c’est presque une course du kilomètre vertical. Et bien entendu, la redescente ne se fait pas en luge ou liane, donc même kilomètre pour même dénivelée mais négative… en gros, d’abord, on souffre des mollets et ensuite des cuisses.

Départ 6h aux premières lueurs et, heureusement, la pluie a fini par cesser. Le sentier est bel et bien comme imaginé. La première heure nous fait déjà gagner 400m d’altitude et perdre 400L de sueur ! En enchainant les passages où nous tenons les cordes et nous agrippons aux racines, nous rattrapons un couple d’Asiatique. Cela semble faire plaisir à Duncan qui nous sent en jambe. La dernière partie est tellement raide qu’elle se termine avec des échelles, des passages d’équilibres dans un univers magique.

Apres 3h de transpirante et épuisante ascension, nous arrivons au point de vue sur les Pinnacles, difficile de se dire que nous ne sommes même pas à un sommet. Au milieu de la jungle surgit des flèches minérales de plusieurs dizaines de mètres, aiguisées comme des lames de couteaux. Ces formations karstiques sont issues de la dissolution de roches sédimentaires au contact d’eaux de pluies aux teneurs acides. Cela ne date pas d’hier et le processus est toujours en marche. Le spectacle est étonnant, mais pas plus étonnant que le changement de comportement que nous offre Duncan à partir de ce moment-là.

Pour lui, il ne faut pas rester plus de 20mn ici. Après 3h de montée, c’est un peu court. Son excuse est le ciel qui se couvre, puis finalement, le soleil qui est trop chaud, alors quand les autres groupes arrivent et que leur guide dit « vous avez 1h », nous faisons un peu trainer. C’est peut-être la raison de sa mauvaise attitude par la suite, mais cela n’excuse en rien son manque de professionnalisme et surtout de sécurité lors de la redescente. Dès le passage des échelles, il ne nous attend plus et ça empire au fur et à mesure de la descente. Il avance tout seul devant et quand nous le retrouvons, il repart avant même que nous soyons à ses côtés… comme dit Meryl, nous sommes à la poursuite du lapin d’Alice.

La descente est encore plus technique que la montée et la fatigue monte. Nous réduisons la cadence mais pas lui, à un tel point que nous ne le voyons plus. Il faut que Meryl mette, par malchance, la main sur une chenille urticante cachée derrière une branche pour qu’il fasse demi-tour et vienne la soigner, et même ça semble l’emmerder.

Arrivés en bas, après 4 longues heures de descente faite mètre après mètre, la seule satisfaction de Duncan est, nous semble-t-il, d’avoir fait l’aller/retour plus vite que ses collègues, qui pour certains arrivent à la tombée de la nuit avec des groupes extenués. Il ne nous félicite en rien, ne cherche pas à savoir comment se sentons nous… à table (avec de nouveau riz et poulet) puis au lit. Dommage, encore une fois, le guide entache une belle excursion !

Dimanche, nous faisons chemin arrière pour retrouver le bateau â l’endroit où il nous avait laissé 2 jours plutôt. Duncan ne fait plus aucun effort. Il se fout vraiment de nous. Le retour jusqu’à l’hébergement est silencieux, froid. Une douche, quelques explications avec le gérant de la guesthouse qui nous a vendu le package, et nous voilà dans notre avion retour de 25mn.

A Miri, nous prenons le « meilleur » bus de nuit. Il est 5h du matin, ca fait déjà 8h qu’on roule et nous ne dormons plus, en cause, un ronfleur champion toute catégorie. D’ici peu, nous serons a Kuching, la capitale du Sarawak, et des chats, tout au sud.


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