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Vu du sac à dos, Trek Naar Phu, Népal, 22.04.2018

  • 28 nov. 2018
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 déc. 2018

Nous venons d’arriver fraichement à l’aéroport de Katmandou. Nous avons été balancés de droite à gauche ; depuis Paris et Genève, mais nous sommes là. Accueillis dans les bras de Clément et Meryl, nous attendant en terre promise. Nous ? Nous sommes les sacs de randonnées, ceux d’Eric, Remi et Stéphanie. Avec nos copains à bretelles, de Clément et Meryl, nous nous apprêtons à reprendre du service pour partir découvrir les grands espaces Népalais.

Une journée et demie à Katmandou nous permet d’avoir un aperçu de ce qu’est la vie ici. Nous nous sentons bousculé et, pourtant, nous sommes bien harnachés sur les dos. Ça grouille dans tous les sens. Le bruit nous maintient en alerte permanente. Les marches sont aussi déroutantes qu’enivrantes. Nous prenons un peu de hauteur, quand nos propriétaires, décident de nous faire monter dans un petit coucou, pour un vol panoramique au-dessus des montagnes Himalayennes. L’expérience est excitante, d’autant plus que la compagnie de vol Yeti Airlines est sur la blacklist !

Le lendemain, nous rencontrons un nouveau sac à dos, celui de Maila, notre guide pour le trek à venir. Comme son propriétaire, il est de petit format, surtout comparé à nous, les « gros » sacs. La première journée est aérée quoique poussiéreuse puisque nous sommes détachés de nos hôtes. Pendant qu’eux sont à l’intérieur de la jeep, nous, nous sommes sur le toit, protégés d’une belle bâche orange. Si la première partie nous est favorable car asphaltée, nous sommes autant apeurés que nos 5 propriétaires lorsque que la jeep s’engage sur une piste vertigineuse et terreuse pour 50km qui prennent 6h ! Débarqués à Dharapani, un petit village traversé par la piste, nous sommes heureux de tomber dans les bras de nos porteurs, qui eux, tombent de fatigue après cette journée riche en émotions.

C’est sous un ciel bleu que nous célébrons nos premiers balancements, sur le trek du Nar Phu. Nous sommes complets à l’intérieur : les vêtements surmontent le duvet, les accessoires trouvent la place restante pendant que l’eau, au sommet de la pyramide, écrase la concurrence par son poids. Tout cela, au grand dam des 5 mousquetaires qui usent et abusent de nos serrages pour nous sentir plus léger ! Mais au vu de ce qu’ils mangent le premier midi, la légèreté ne nous appartient plus ! Galette de pomme de terre avec œuf pour Remi, début d’une longue histoire d’amour entre les macaronis et Eric pendant que Maila use du Dal Bhat power.

Le lendemain, au petit matin, la première vision sur l’Annapurna est splendide. Elle ‘énergise’ nos porteurs qui quittent le sentier du Tour des Annapurnas pour s’engager sur le trek isolé du Nar Phu. Nous longeons la rivière Nar Khola qui nous offre de beaux ponts suspendus. La montée Meta pèse sur le dos et les jambes mais chacun s’accroche et termine, ensemble, l’ascension nous menant à 3600m.

Le sentier file vers le Tibet. Nous frôlons les falaises d’une superbe gorge aux teintes orangées. Ça monte et ça descend, comme l’estomac de Clément, qui ne digère pas le petit dej… et mon poids. Du coup, je finis sur le dos de Maila pendant que le petit format de ce dernier, s’accroche à ses épaules. L’arrivée à Phu ou Poo est desertiquement minérale. Nous nous sentons tous perdu au milieu de ce site au bout du monde. Nous retrouvons nos habitudes une fois dans la guesthouse, aussi chaleureuse qu’une de ces nombreuses pierres constituant les maisons de ce village atypique, culminant à 4100m. Seul Clément ne m’abandonne pas en cette journée d’acclimatation. Je le surveille, allongé et malade pendant que les autres grimpent plus haut, loin de leur moitié.


Le trajet nous continue à rebrousser chemin sous un ciel nuageux. Quelques sommets ont blanchi dans la nuit et nous commençons à avoir froid dans la montée vers Naar. La neige finit par nous tomber dessus. Nos propriétaires ont l’amabilité de mettre nos couvertures pour nous protéger de la neige qui s’intensifie. La chambre est chaleureuse, à contrario de l’extérieur qui se rafraichit au fil qu’il blanchit.

Nous sommes secoués à 4h du matin. Eux sont couverts de la tête au pied mais nous, nous avons un peu froid. Heureusement la neige s’est estompée laissant juste des traces de pas. Le soleil se lève et finit par nous dégeler, nous permettant d’observer un paysage aussi pur que sauvage. Au loin ça s’élève, nous semblons être dans une impasse. Il va falloir prendre de l’altitude pour franchir un col. La neige est plus épaisse et le poids, conjugué de nous plus eux, rend difficile la progression.

Mais, ensemble, nous retrouvons le sourire sous le panneau indiquant le Kang-La Pass à 5320m. L’objectif est atteint, du moins, pour le moment ! Nous soufflons dans la redescente et sommes aux premières loges pour observer le panorama retrouvé sur les Annapurnas. Nous n’y avons pas droit, mais les bipèdes eux, ont l’air heureux de retrouver une douche chaude, après 4 jours.

Pendant la journée de transition, 3h de marche quasi à plat, nous entendons des murmures à l’avant… Il se pourrait que nous changions d’itinéraire pour la fin ? Arrivés à Manang, l’info est confirmée. Au lieu de revenir en arrière les 2 derniers jours, nous continuons sur le trek des Annapurnas, en passant un nouveau col, celui du Thorang-La Pass. Perso nous, ça nous va bien, espérons juste que nos porteurs aient encore de l’énergie ! A Manang, nous retrouvons des touristes. Jusque-là nous étions les seuls sacs à dos sur le Nar Phu. Tourisme signifie aussi meilleur logement, meilleure nourriture et surtout, des « western toilets », comprenez que nos mousquetaires disposent enfin d’une cuvette pour digérer les pancakes et autres mets locaux.

Nous continuons notre exploration en prenant le chemin du lac Tilicho. La dernière portion est une grande traversée à flanc de plusieurs pierriers géants. Nos bipèdes doivent regarder leurs pieds pour ne pas tomber en aval mais surtout lever les yeux pour éviter les pierres, en amont, qui peuvent dévaler la pente à toute vitesse. D’un coup d’un seul, ça bouge vite, les jambes de Meryl et d’Eric accélèrent le rythme et évitent de justesse une pierre.

Nous nous faisons abandonner une nouvelle fois… ils découvrent, sans nous, le plus haut lac d’eau douce du monde. Le Tilicho perche à quasi 5000m. Nous les retrouvons émerveillés du spectacle de haute montagne dans lequel ils ont évolué, sans quelques difficultés que nous relate le sac d’Eric, une fois ce dernier sur son dos.

L’avant dernière étape mène nos 6 duos vers le Thorang High Camp. L’étape est longue et variée, avec toujours en toile de fond les hauts sommets des Annapurnas. Une nouvelle traversée de pierrier offre une nouvelle frayeur au binôme Meryl/Eric qui évitent, de peu, une grosse pierre qui roule ! Ça se concerte sous nous… le groupe prend la décision de grimper jusqu’au High Camp, et ceci malgré la forte probabilité qu’il n’y est plus de chambre disponibles là-haut. Sans surprises, nous sommes donc posés dans la dinning room. Nous participons ainsi au grand bordel folklorique qui se déroule dans ce refuge ultra bondé. Nous passons notre nuit à côté du poêle où s’allongent, sur des bancs et par terre, nos hôtes.

La nuit est courte. Une nouvelle fois, nous sommes bousculés matinalement et ne voyons que ce qui est éclairé par la frontale. Nous doublons d’autres sacs qui se suivent en file indienne. Il y a du trafic sur la route qui mène au col. La lumière est là mais le soleil tarde à réchauffer le tube de la poche à eau qui est gelé. Les bipèdes semblent en jambes. Le vent glacial qui souffle les invite à avancer sans trop s’arrêter. Notre contenant se vide de ses habits qui s’empilent sous nous.

Les drapeaux tibétains de prières apparaissent et marquent le passage du Thorang-La Pass à 5416m ! Nous les regardons poser fièrement, sans nous, devant le panneau de ce col « non prévu » mais, au final, très attendu. La redescente est raide et offre une vue au loin sur le parc du Mustang. Nous vivons ensemble nos derniers moments, accrochés l’un à l’autre, comme si nous ne faisions plus qu’un !

Et puis, arrivés à Muktinath, village marquant la fin du trek, la symbiose est vite rompue. Nous sommes lâchés vulgairement dans les chambres comme s’ils se débarrassaient d’un lourd fardeau… En même temps, nous les comprenons : 11 jours de marche avec nous, ça use forcément… Même si nous nous sommes allégés au fil des jours !

Quand nous voyons la jeep, nous connaissons la suite : la route va être longue et mouvementée. Eux, seront à l’intérieur, pendant que nous, nous mangerons la poussière sur le toit. Arrivés à Pokhara pour une escale d’une nuit, nous avons même pris la pluie. Le lendemain, nous sommes presque logés à la même enseigne dans le bus qui nous ramène à Katmandou. Presque, car si nous sommes tous à l’intérieur, eux sont assis sur des fauteuils et nous, nous sommes allongés dans un coffre sombre et humide.

Un dernier kilomètre pédestre dans le centre de Katmandou nous permet de renouer contact avec les dos de nos propriétaires. Ils nous avaient manqué. Mais cela ne semble pas réciproque. Rapidement, ils nous abandonnent dans le coin de la chambre pour passer deux derniers jours entre eux et sans nous ! Les voyant arriver chaque soir avec des emplettes, nous savons que nous ne sommes pas encore tout à fait hors d’usage et que nous allons redevenir vite lourds.

Les départs à l’aéroport sont échelonnés. C’est d’abord le sac d’Eric qui nous quitte pour retrouver son Ardèche, puis, ceux de Remi et Stéphanie direction la Savoie. Quant à nous deux, nous sommes toujours là, en attente, prêt à s’envoler pour rentrer en France avec nos deux propriétaires, Meryl et Clément, qui nous auront bien baladé pendant ces 5 mois entre Asie et Océanie. Ce trek au Népal marque de belle manière la fin de ces nouvelles aventures, le sac sur le dos et le passeport en poche ! Namaste !


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