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Trek Langtang, le début de la fin, Népal, 5.04.2018

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 28 nov. 2018
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 déc. 2018

Ça sent la fin. Notre périple entre Asie et Océanie se termine au pied des montagnes Népalaises. Enfin, nous pouvons plutôt dire sur les sommets des montagnes, car pour ce dernier mois d’aventure, nous allons remettre le sac sur le dos et terminer nos chaussures sur les sentiers Népalais. C’est parti pour le premier trek, direction le Langtang.

Katmandou, par Meryl.

Dès l’aéroport, on goûte aux joies du Népal. Enfin, pour l’instant, on goûte aux joies de l’administration népalaise. Et oui, nous, on arrive la bouche en cœur et on espère avoir notre visa en moins de minutes qu’il ne faut pour le dire. Alors, quand on voit le monde, on a du mal à espérer s’en tirer à bon compte. Et que dire, quand une hôtesse nous informe qu’il y a trois guichets distincts à passer. Au bout d’1heure à pas de fourmis, nous craquons et préférons payer le triple afin d’emprunter la file ‘visa 90 jours’ moins longue que la nôtre. Je prends conscience que la patience est une qualité qu’il va falloir mettre à profiter.

La chaleur, la poussière et la circulation bousculent les émotions. Ici, rien n’est tel qu’ailleurs. Cela commence par les règles de circulation. Je préfère alors papoter avec Rubi, la manager de l’agence qui nous accueille, que de regarder la route et les motos qui nous déboitent au dernier moment. Diversion impossible, quand, le lendemain, nous nous essayions au triporteur. La réputation des transports népalais n’est plus à faire et encore moins à défaire. Et, pourtant, ces sueurs ne sont rien comparées à celles rencontrées lors des 7h de jeep sur des routes de montagnes vertigineuses et tape-cul qui auraient toutes leurs places dans les infos du soir. Contents d’avoir « survécu » à ce trajet, nous arrivons à Syabru Bensi, village qui marque la fin de la journée et, surtout, le point de départ du trek. On n’est pas vraiment dépaysé de Dust-mandu (poussière- mandu), surnom donné à la capitale en raison de sa poussière omniprésente. Au Népal, il faut savoir regarder au-delà de la poussière pour espérer voir les montagnes.

1er jour de marche, par Clément.

A vouloir en faire trop, on en fait moins !

Ca débute fort avec une montée bien raide et poussiéreuse. Nous arrivons à Khangjim, un village perché à 2200m. Sans le savoir nous manquons le chemin et continuons dans l’incertitude. Nous sommes vite rattrapés par la réalité...

Nous faisons fausse route. Mais, nous insistons et avons raison. Après une ascension courte et raide, nous retrouvons le bon chemin. La suite est une longue marche poussiéreuse mais avec de beaux points de vues sur les hauts sommets. Nous croisons peu de marcheurs, les ânes sont eux plus nombreux, chargés et poussés vilement par leur meneur à 2 jambes. Pause à Sherpagaon où une locale nous sert un succulent repas. Elle parle quelques mots de français et c’est à nous de faire l’addition… La confiance règne ! 1h30 plus tard, nous arrivons à Rimche et posons nos sacs dans une guesthouse familiale et sommaire. Cette première journée a été longue, la remise en jambe est difficile avec les sacs.

2ème jour de marche, par Clément.

Cette fois-ci, nous en faisons plus !

Départ matinal de Rimche, à 7h, nous sommes peu nombreux. Les 2 premières heures se font dans un sous-bois en bord de rivière… La température est fraiche et les rhododendrons en fleurs offrent un superbe spectacle. Rose, rouge, blanc se déclinent sur ces arbres emblématiques de la flore Népalaise.

Enfin, le soleil nous réchauffe et la vue sur les sommets enneigés s’offre à nous. Nous dépassons et nous faisons dépasser par les mêmes durant 2 à 3h, La pause repas disperse le troupeau. Le soleil est là mais cette poussière trouble toujours l’air. La visibilité n’est pas des meilleures mais laisse, parfois, entrevoir des 7000m. Nous passons le village de Langtang. Ici, les stigmates du tremblement de terre de 2015 sont bien visibles : maisons en ruines et mémorial en l’honneur des locaux et touristes décédés.

La dernière portion est assez longue, voir très longue… les yaks égaillent un paysage un peu monotone. L’atmosphère brumeuse nous perd dans l’espace temporel et il commence à faire froid… ouf, nous voyons enfin le village de Kyanging Gompa, Nous sommes à 3850m. Dans les rues du village, chaque Népalais tente de nous vendre une chambre dans son hôtel… fatigant. En plus, notre choix est déjà fait. Depuis la pause midi, nous avons rendez-vous chez la sœur du frère qui nous a servi notre repas…

Ici, tout le monde connait tout le monde.

La chambre est propre, la douche est chaude et le repas correct, Comme d’habitude, c’est rudimentaire mais suffisant. Les jambes risquent d’être lourdes demain mais la vision dégagée des pics glaciaires, devrait nous redonner de l’énergie. Déjà 21h, nous filons au lit dans un froid de canard !

3ème jour de marche, par Meryl.

Après une bonne nuit de sommeil, le réveil est saupoudré de blanc. En effet, à l’orage nocturne s’est succédé d’importantes chutes de neige donnant plusieurs centimètres. Clément est excité. L’impatience se fait sentir. Alors quand à 6h10, le petit déjeuner se fait toujours attendre, nous craquons. Nous mangeons nos quelques biscuits et buvons quelques tasses de notre thé. Le village et ses montagnes dégagées mais recouvertes de neige sont incroyablement beaux. Cependant, cela ne me donne pas l’énergie nécessaire. Dès les premières minutes, la tête me tourne, le ventre se soulève et le froid me tétanise. Est-ce qu’il faut faire demi-tour ? Je lutte et tente de progresser quelques pas… Impossible… nous décidons de redescendre… je suis alors prise de vertige. Petite pause thé pour me réchauffer et me re-sucrer le sang. Le départ a été trop rapide et le petit déjeuner n’a pas été assez consistant. Après de bonnes minutes, j’ai repris du poil de la bête. Finalement, nous ne redescendons pas… nous continuons.

Le début est glacial. Le froid m’engourdi alors que le retour de la chaleur me brûle. Je pense au Cerro Plomo 1an plus tôt… Maintenant, je sais que ces désagréables sensations vont passer. Je craque une chaufferette et insiste sur la plante de pieds afin de stimuler le sang à venir jusqu’aux orteils. Quand la chaleur arrive, je profite, enfin, du cadre exceptionnel. D’un pas lent, nous arrivons au sommet après 3h30 d’ascension. Drapeaux népalais, montagnes, glaciers !! La récompense apaise le froid qui se fait, de toute façon, chasser par un soleil de plomb. On contemple. Après un beau moment, nous entamons la glissante descente. La boue finit par remplacer la neige. Arrivés au village en début d’après-midi, nous envisageons de profiter du soleil. Après une petite embrouille matinale avec le cuistot de la guesthouse, nous préférons prendre notre lunch ailleurs. En plus, c’est tartiflette en terrasse.

4ème jour de marche, par Meryl.

On s’était dit que ce retour aurait le même gout que l’aller fait deux jours plus tôt. Mais, il n’en est rien. Apres une nuit mouvementée à écouter l’orage et à regarder la neige s’amonceler, le départ est magique. Heureux, on est submergé par les émotions sans savoir où regarder, où contempler. Et puis, la météo tourne. Les nuages se ruent sur nous et les flocons se déposent sur la toison des yaks.

A l’aller, la montée m’accablait physiquement alors qu’elle ennuyait, quelque peu, Clément. Là, je me sens apaisée. Le sac léger. La descente est un régal, surtout que nous avons retrouvé le soleil. A la pause déjeuner, nous faisons connaissance avec les singes du coin. Cette rencontre se fait dans un cadre spécial. Nous sommes dans un ancien village devenu ruine suite au séisme d’avril 2015. Cette région a été durement touchée. Il est facile d’en voir les stigmates même si les nouvelles constructions vont bon train. Quelques heures après cette pause, le temps se gâte. Le ciel est chargé. On entend tonner… on doit avancer… on a des kilomètres à avaler.

Plusieurs fois, on se retrouve freiner derrière un convoi de mules. Les premiers jours, cela donnait du folklore. Aujourd’hui, il y a un pincement au cœur de voir ces animaux malmenés par l’homme qui, même très jeune, n’hésite pas à violenter l’animal par pure occupation. La pluie commence à tomber… il faut se décider… Se mouiller ou s’arrêter en sachant que demain les km non englouti devront l’être… allez, on continue même si à 14h, on croirait qu’il est 18h. Une sacrée journée à travers les saisons. Après 1h d’averse, on trouve refuge à Bambou Village. Comme d’habitude, l’hébergement est sommaire et la nourriture succulente.

5ème jour de marche, par Clément.

Une heure, une seule heure de descente. Le reste de la journée n’est que montée, et quelle montée. Nous quittons le bord de la rivière à 1700m pour arriver 7h plus tard à 3500m. La première portion est une trace qui enchaine les virages en zigzag, nous prenons de l’altitude et la vue s’ouvre. La traversée d’un pont suspendu vertigineux nous offre une courte descente dont nous nous serions bien passés. Derrière, ça remonte jusqu’au village de Syabru.

Il se constitue de plusieurs maisons colorées et espacées, toutes construites sur un versant escarpé. Les rues de ce village sont trop raides. Il ne faut, mieux, pas habiter en bas et avoir des amis en haut. Après le village, ça grimpe toujours. D’abord dans une forêt ombragée puis sur les terrasses de cultures ensoleillées. Nous prenons une pause déjeuner, l’estomac se rempli et les jambes se relâchent. La vue est belle mais le chemin n’est pas fini. En plus, la pluie menace. Nous reprenons nos sacs et continuons l’effort. La montée ne cesse et les rhododendrons deviennent de plus en plus nombreux. Ils sont rouges, roses, blancs et colorent magnifiquement le versant montagneux, virant au gris orageux.

Le froid se fait sentir au fil des mètres ascensionnés mais l’effort nous réchauffe. Plus que 400m de dénivelée positive, plus que 300m… Les 200 derniers sont longs. La forêt est froide et les jambes ne sont plus très chaudes pour avancer. Nous voilà, enfin, sortis du bois et, sur le seul replat de ce long versant, s’est installée quelques guesthouses. Nous prenons une chambre dans l’une d’entre elles. Ici, tout est sommaire : 2 lits, un toilette/douche et un lieu pour manger et partager la vie de la famille. Inutile de parler de l’isolation, ici, il fait aussi froid dedans que dehors. Mais la chaleur des Népalais ajoute quelques degrés. Nous discutons avec un guide local, admirons le travail de tricot de la femme et lui achetons gants, chaussons et bonnets. La douche au sceau réchauffe mais la nuit est bien froide !

6ème jour de marche, par Meryl.

Réveil glacial, il a même gelé dans la chambre. Réveil matinal, bien avant l’heure du petit déjeuner. Finalement, c’est ce qu’il faut pour réchauffer, dans le duvet, chaque vêtement avant de les enfiler. Pancake au chocolat avalé, c’est parti pour la dernière montée de ce trek. On s’approche du sommet des montages.

Le chemin en corniche met quelques sueurs en même temps qu’il nous régale. Je sais qu’aujourd’hui, la marche sera courte. Pourtant, je peine dans la dernière ligne droite. Clément a déjà fait le tour des proprios quand j’arrive. Chacun y va de ses arguments pour nous inciter à dormir chez lui. On fait notre choix et y prenons notre lunch, au soleil, avec vue sur le lac. Requinqués, on s’attaque au point de vue derrière le Lodge, histoire de gagner quelques mètres. La montée est raide et rendue difficile par la neige-boue. En plus, les nuages nous tombent dessus… et si on avait fait cette (courte) ascension pour rien… Heureusement, la fenêtre météo nous offre un splendide panorama.

On essaye d’immortaliser le moment avec quelques vidéos alors que les nuages semblent s’être bien installés. Tout ce blanc donne le tournis. On conclut l’après-midi par un tour du lac. Il est 16h et, à 4400m, l’air est déjà glacial. C’est l’heure de se mettre au chaud. Raté ! La guesthouse est bondée et le poêle pris d’assaut par les locaux. On décide de changer d’endroit. Le gérant n’est pas content. On finit par payer une chambre qui devait être gratuite sans même l’avoir occupée. Tant pis, le confort n’a pas de prix. Nous le trouvons chez le voisin : un feu réconfortant et une atmosphère amicale. Parfait pour notre dernière soirée sur le trek du Langtang.

7ème jour de marche, par Clément.

Nous l’avons fait en 7 jours, comme dit Meryl, « ce n’était pas gagné au départ ». Pari donc réussi ! Mais avant de retrouver les « plaisirs » de la ville, il nous a fallu redescendre de nos montagnes. Et quelle descente, 2500m de dénivelée négative, autant dire que les jambes l’ont compris. La neige a fondu sur le chemin retour que nous connaissons en partie. Certaines portions sont encore glacées, nous préférons alors cavaler sur les bas-côtés, dans la neige encore fraiche. Quel plaisir de descendre sans s’essouffler et de voir les autres s’essouffler dans le sens inverse.

Nous changeons de paysage au fil de notre descente. La descente fait mal et nous n’imaginons pas la montée. Nous croisons deux locaux portant des poutrelles de 50kg sur une épaule… Dans le sens de la montée ! A ce moment-là, nous nous interrogeons sur les porteurs. Certains clients oublient que ce ne sont pas eux avec le sac sur le dos. Alors, ils chargent la mule… Dommage ! Une rivière, un pont, une montée surprise (à l’habitude) et ça y est, nous sentons la poussière, voyons la pollution et entendons les klaxons. La fin du trek vient donc de sonner, et même s’il faisait froid là-haut, et bien ça nous manque déjà ! Ouf, un autre trek arrive bientôt.

8ème jour, par Clément et Meryl.

C’est une vérité, le plus dure en trek n’est pas le trek mais, bel et bien, le transport pour y aller et revenir. A l’aller, nous avions testé la jeep et nous nous disions que, vu l’état des routes, nous étions bien heureux de ne pas être en bus. Alors, ce matin quand nous quittons Dhunche en bus (plus de jeeps disponibles), nous savons que ça va être long. Alors oui, finalement, le bus c’est un peu plus confort. On a plus de place et plus d’arrêts pour détendre les jambes. Mais, les sensations fortes sont parfois trop fortes… à faire pâlir tous les manèges.

Au départ, on nous déchire nos tickets de la veille en nous rendant notre argent. On doit prendre un autre bus. Pourquoi ? Nous ne savons pas. Bref, nous prenons un bus local au lieu du touristique, moins classe et surtout avec plus d’arrêts et plus de monde. Ça devient vite folklorique quand je dois m’assoir sur les sacs de riz au milieu des sièges pour laisser ma place à une femme et son enfant. La première heure est sport, le chemin est défoncé et le vide trop proche. Chaque bascule du bus fait frissonner et suer, nous rions, oui, mais nous rions jaunes.

Nous tentons de garder espoir, espoir que le chauffeur est maître de son véhicule. Enfin, ça se calme. Au fils des kilomètres, le bus se charge et décharge hommes et sacs de maïs. Apres 4h de trajet mouvementé, nous croyons toucher au but en retrouvant une route presque principal. Mais non, nous ne pouvons passer ce pont car les bus ne sont pas autorisés. Et vu l’énervement que cela provoque sur l’assistant chauffeur, nous pensons que le détour ne va pas être très plaisant. Et nous ne sommes pas déçus : route ou, plutôt, chemin terreux et vertigineux, virages serrés, descente de la mort, passage à gué… tout y est, sauf la confiance.

C’est transpirant que nous retrouvons la route principale après 1h d’éternité. Celle-ci offre néanmoins encore quelques frayeurs. Ca double dans tous les sens et, surtout, dans les virages. Heureusement, le klaxon existe. L’arrivée à Katmandou est pluvieuse et bruyante mais nous trouvons repos dans un hôtel au calme. Vite vite une douche et une lessive, besoin de sentir bon maintenant !

Nous revenons enchantés de cette première expérience pédestre dans le Langtang. Après 2 jours de repos, nous accueillons maintenant Rémi, Stéphanie et Eric, venus de France, pour en découdre avec nous sur un nouveau trek… place au Nar Phu trek, dans la région des Annapurna.


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