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Carretera Austral, clap de fin, Chili, 10.02.2017

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 16 nov. 2018
  • 14 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 nov. 2018

Cette dernière semaine sur la Carretera Austral est à l’image de ce que l’on a pu y vivre ces 3 dernières : des randonnées somptueuses ponctuées de cessions d’auto-stop tout aussi marquantes. Retour sur nos derniers moments entre Villa Cerro Castillo et Futaleufù, 500 derniers kilomètres.

Après discussions, nous décidons de faire le trek du Cerro Castillo à l’envers… Attention, cela ne veut pas dire la tête en bas ou à reculons. Non ! Nous démarrons, suivant le parcours indiqué dans les guides, de la dernière étape pour finir par la première. La météo est très favorable sur les 2 premiers jours. Vu que les deux dernières étapes sont les plus belles, il est logique qu’elles soient les deux premières, non ?

Après un long chemin, un peu pénible, au bord du rio Ibanez, nous passons sous une clôture pour enfin fouler un sentier qui nous fait prendre un peu d’altitude. Le début de la montée se fait avec Marty, un chien qui nous suit depuis le village et nommé ainsi par Meryl.

Nous utilisons enfin notre trousse de secours quand je m’écorche le tibia avec un fil barbelé récalcitrant. Ça saigne mais Meryl joue la parfaite infirmière et nous repartons ma jambe pansée. La montée progressive en sous-bois est guidée par Marty qui joue son rôle de guide/berger à merveille. Quand la forêt s’estompe, nous observons des hauts sommets dont le Cerro Palo que nous renommons le Cerro Weding Cake ; sa forme rappelant celui du célèbre gâteau de mariage.

Le campement des Néo-Zélandais (nommé ainsi suite à un camp de base établit par des Néo-Zélandais pour gravir les sommets du coin) situé en sous-bois marque la fin de notre première étape, ou presque. Après avoir monté notre camp de base, nous grimpons un peu plus pour sortir du bois et découvrir la laguna Duff. De couleur émeraude, elle est dominée par la chaine du Cerro Castillo en son versant nord. Photogénique à souhait !

Le soir, nous nous réchauffons auprès d’un feu et rencontrons deux suissesses avec qui nous effectuerons le reste du trek. Quant au sympathique Marty, il décide de rebrousser chemin et tant mieux, car nous n’avons rien pour lui à manger.

Mercredi matin, la nuit claire a mouillé notre tente et blanchie l’herbe. Il nous faut donc attendre que la tente sèche. La première heure, nous revenons sur nos pas jusqu’à l’intersection marquant le début d’une longue montée. La météo estivale combinée à la montée raide épuise les organismes mais ces derniers sont récompensés par une vue panoramique qui s’offre peu à peu à nos yeux.

La dernière partie est encore plus raide et très technique s’effectuant dans un pierrier aussi géant que ses pierres. Enfin, nous longeons la crête en petit t-shirt et attendons impatiemment le point de vue sur la laguna Cerro Castillo. Mais déjà, nous observons, sur notre gauche, le majestueux et dentelé Cerro Castillo (2675 m) épousé par son glacier éponyme. Sur notre droite, se trouve la grande plaine de Villa Cerro Castillo où s’écoule le large Rio Ibanez. Pour compléter le tableau, sous nos pieds craque une roche friable rougeoyante et, sous nos yeux, au loin, s’impose l’immense laguna Carrera au bleu intense.

La pause pique-nique se fait en observant le bouquet final : la turquoise laguna Cerro Castillo nichée au pied de tout ce que l’on vient de décrire ci-dessus. Aussi délicieux que notre traditionnel sandwich avocat/fromage/jambon.

La descente jusqu’à la laguna est périlleuse d’autant que notre regard se concentre sur la laguna à défaut de nos pieds. Arrivés presque au camping, nous profitons de l’eau turquoise du lac pour se rafraichir après cette rude et chaude journée. L’eau doit être entre 5 et 7 °C mais quel bienfait pour le corps et l’esprit…. Même Meryl se « jette » à l’eau !

Le coucher de soleil derrière le Cerro prolonge le plaisir visuel de cette superbe journée. Il est l’heure de se mettre dans nos duvets car nous espérons assister au lever de soleil le lendemain matin sur le Cerro.

Le réveil sonne à 5h mais nous restons dans la tente : les nuages sont trop nombreux pour espérer voir quelques couleurs. Le réveil (re)sonne finalement à 7h30 et le temps est toujours couvert. Nous nous équipons en conséquence et partons, toujours accompagnés des suissesses, en direction du col Pénon (1453 m). La montée semble bien minérale d’où nous sommes…

Tout d’abord, nous rejoignons un autre camping après une belle descente en sous-bois longeant une tumultueuse rivière glaciale. Vient enfin l’heure de sortir du bois et de s’apercevoir que le col est un vaste champ de pierre, plus ou moins grosses.

Le début de la montée se fait dans un magnifique cirque glaciaire où s’écoule plusieurs cascades sur des falaises rocheuses sculptées par l’ancien glacier… Il reste, néanmoins, un peu de glace sur les hauteurs. Il faut pousser sur les jambes pour enjamber quelques gros blocs minéraux puis le sentier déroule un peu plus coincé entre deux versants aux millions de pierre.

Il n’y a plus vraiment de traces mais le peu d’espace pour évoluer en direction du col ne laisse aucun doute sur la direction à suivre. A quelques mètres du col, nous sommes, de plus en plus, encaissés entre les versants pierriers où il ne ferait pas bon d’être si la terre tremble.

Enfin, nous apercevons l’autre vallée, et jusque-là, le ciel nous a épargné. Il ne nous reste plus qu’à descendre pour rejoindre notre camping. Assez mal indiqué, nous finissons par perdre le sentier et longer la rivière de très près. A force d’enjamber la rivière pour trouver notre chemin, ce qui devait arriver arriva… Une glissade plus ou moins maitrisée et « plouf » ! Des chaussures jusqu’aux fesses dans l’eau gelée, et c’est Meryl la grande mouillée !

Finalement, nous retrouvons le sentier qui, plus haut sur la berge, ne croisait pas la rivière et permettait de rester au sec ! Oops !

Nous arrivons au camping qui borde la très large vallée fluviale du rio Turbio. Plein de bonne volonté, j’allume un feu pour nous réchauffer et faire sécher les chaussures de Meryl. Malheureusement, nous ne prêtons pas attention à sa chaussure droite qui est en train de s’ouvrir et de fondre sur une pierre chaude… trop chaude… Jeudi noir pour Meryl qui joue les cordonniers en recousant les plaies de sa chaussure pour ne pas finir à cloche pied.

Au cours de cette fin de journée, nous avons la chance d’observer trois huemuls clopinant dans le lit de la rivière.

En soirée, la pluie s’invite autour du feu et envoie tout le monde se coucher ! Au réveil, il tombe encore quelques gouttes, et pendant un petit déjeuner humide, nous tentons de faire sécher notre tente sous les premières éclaircies timides du soleil. La dernière étape est longue surtout pour les pieds de Meryl, mouillés par les chaussures qui n’ont pas pu sécher.

Le chemin large est facile. Cependant, il nous faut traverser deux gués nécessitant de déchausser. Si le soleil persiste, il finit par s’incliner et par laisser place à de la pluie, le temps d’une demi-heure. Malheureusement, le timing correspond pile au seul moment passé en dehors du bois. Peu importe, nous apercevons enfin la route marquant la fin de ces 4 jours de trek.

Pas le temps de savourer, il nous faut retourner à Villa Cerro Castillo pour récupérer nos petits sacs et espérer continuer notre route. Nous levons donc les pouces et le rabaissons assez rapidement dans la voiture d’un sympathique Chilien qui nous offre une banane… Un délice ! Quand il nous dépose à la ville, nous retrouvons la rue principale toujours bondée d’auto-stoppeurs, qui heureusement pour nous, partent dans le sens opposé. A peine les sacs récupérés, nous remontons dans une voiture pour rejoindre la prochaine ville : Coyhaique. Au début, la route est la même qu’il y a 1 h ; revenant sur le lieu de l’arrivée du trek. Puis, elle sinue dans une magnifique vallée ponctuée de sommets colorés avant de s’enfiler entre des prairies verdoyantes. A noter que depuis Villa Cerro Castillo, finit les graviers, nous roulons sur du goudron. Ce changement fait du bien aux fesses et, notamment, aux cyclistes qui sont très nombreux sur cette portion.

L’arrivée à Coyhaique est un choc pour nous. Bienvenue à la grande ville ! Celle que nous ne connaissons plus depuis quelques semaines. Nous nous sentons un peu perdus dans ces grandes rues bordées de magasins et de gens qui affluent. Nous nous installons finalement dans un hôtel, un peu cher, mais qui nous offre une chambre avec un grand lit et une salle de bain privée, du luxe pour nous !

Samedi matin, nous craquons et cherchons un camping, histoire d’économiser un peu d’argent pour s’offrir un restaurant. Dans une ruelle, nous tombons, par hasard, sur Kévin et Maude, le couple cycliste suisse, quitté à Villa Cerro Castillo. Ils partent de la ville et nous aussi mais juste pour 2 km afin de profiter d’un agréable camping à l’ombre. C’est dire qu’il fait chaud. Durant 2 jours, nous montons et descendons les 2 km de route entre le camping et la ville. Nous déambulons dans les rues ensoleillées et nous nous régalons de mets plus savoureux qu’à l’habitude. Nous trouvons cette ville, où il fait bon de se reposer, finalement, pas si mal.

Lundi matin, c’est les sacs pleins de nourritures et de linges propres que nous quittons le camping pour continuer notre périple en direction du nord de la Carretera. A peine le pouce levé, une voiture s’arrête : le stop le plus court de notre périple. Celle-ci nous dépose à un croisement 40 km plus loin, au milieu de nulle part et, surtout, au milieu d’autres auto-stoppeurs dont certains se fichent de la règle de base : quand tu arrives, tu te places après les autres. C’est d’ailleurs cette règle que rappelle Meryl à deux filles qui n’en n’ont que faire mais qui finalement s’en vont.

Après 2 h, une camionnette s’arrête juste devant nous. C’est à se demander pourquoi nous et pas le couple de chilien 100 m avant ?! Cette camionnette nous dépose au prochain village où nous retrouvons toute une horde d’auto-stoppeur que nous évitons en nous positionnant à la sortie de la ville. Après 2 h d’attente, nous n’y croyons plus. Nous avons tort. Certes, nous ne sommes pas pris en stop, mais 3 enfants nous invitent à jouer dans leur jardin, et grâce à eux la soirée se termine de belle manière.

Nous jouons au ballon, nous les regardons s’amuser sur un trampoline puis nous rencontrons leur mère qui accepte que nous plantions notre tente dans leur jardin. Plus tard, nous faisons connaissance de Juan-Carlos, le père, qui, très gentil, nous invite à faire notre cuisine dans leur maison. Il nous offre des œufs de ses poules, du bon pain fait maison…bref, nous sommes excellemment bien reçus et contents de partager un peu de temps avec toute la famille. Pour digérer, nous jouons une partie de foot à la tombée de la nuit puis Juan-Carlos, ici c’est l’homme qui dirige, nous offre son cocktail maison : vin blanc et sprite. Nous, nous aurions juste préféré le vin blanc.

Après quelques photos, nous remercions grandement la famille et nous rejoignons notre tente dans leur jardin, qui accueillera prochainement un camping.

Mardi matin, nous nous levons avant le soleil pour accroitre nos chances d’auto-stop. Les voitures ne sont pas rares, mais rares sont celles qui s’arrêter. A 8h, un traditionnel pick-up s’arrête et nous propose de nous déposer 20 km plus loin. Un grand « oui » de notre part, il faut avancer… Si nous avions su ! 30 mn plus tard, nous descendons et, eux, tournent sur une petite route en direction de la mine où ils travaillent (le Chili du sud semble regorger de mines qui sont sources d’emploi).

Au début, nous pensons que ça va marcher : l’emplacement est assez large pour qu’une voiture s’arrête ; il y a du trafic et ; nous avons notre belle pancarte. Après 1 h d’attente, un camion s’arrête. Nos espoirs s’envolent quand nous voyons descendre une dizaine de personnes… Pire, nous sommes anéantis quand nous comprenons que ce sont des auto-stoppeurs et qu’ils se mettent à 100 m de nous. Alors, nous prenons notre mal en patience pendant que l’autre groupe font des singeries pour attirer l’attention des voitures. Nous commençons à compter les heures...

A midi, le record tombe. Cela fait 4 h que nous attendons le pouce levé ! Le bon côté est que la tente a pu sécher et que nous avons eu le temps de faire des cessions de gym et de quasi dormir.

Vers 14 h, nous nous croyons d’affaire quand un véhicule s’arrête juste devant nous. Pendant que Meryl s’approche, un couple au sac à dos en descend et le conducteur fait demi-tour. En plus d’une fausse joie, c’est le désespoir !! Oh désespoir !!!

A 15h, nous n’y croyons plus trop. Le grand groupe craque et fait du stop dans l’autre sens. Ils sont vite pris. Nous ne sommes donc plus que 4. Ah non ! 6 car 2 personnes viennent à nouveau de se faire poser un peu après nous. A 16 h, nous nous rabattons sur l’idée de prendre le bus de ligne qui passe dans la demi-heure. 17 h, il passe mais nous restons là. Sous nos regards ahuris, le bus n’a pas pris la peine de s’arrêter.

Et puis, à 17h30 c’est le drame, une voiture s’arrête mais trop loin de nous. C’est le couple arrivé en début d’après-midi qui embarque et qui s’éloigne dans un silence qui vaut mille mots. Nous sommes désemparés. Après 10h30 à tendre le pouce, nous adoptons une autre solution : le stop à double sens. Chacun, d’un côté de la route, lève le pouce. Si la voiture s’arrête pour moi alors cette journée ne sera pas si pire. Si, par contre, c’est du côté de Meryl, cela veut dire que nous revenons à la ville de ce matin ! Il faut préciser qu’il est impossible de poser la tente où nous sommes !

A 18 h, après 11 h de stop (record absolu), une voiture s’arrête. Cette fois, c’est pour nous ! Vous devez vous demander : « Oui mais de quel côté ?! » Et bien, cette journée n’est pas si pire puisque c’est devant moi que le pick-up s’est arrêté ! Un père et son fils Chilien nous sortent de notre léthargie et peuvent nous déposer 70 km plus au nord. A la vitesse grand V, le papa semble pressé de rentrer. Nous dépassons d’autres auto-stoppeurs et découvrons, au travers une route sinueuse, un paysage splendide composé d’une végétation exubérante, de hautes falaises verdoyantes au milieu duquel s’écoule un magnifique rio… On se croirait en Asie ou dans le film Jurassic Park.

Nous ne sommes pas seul quand nous descendons de la voiture. Il y a déjà pas mal d’auto-stoppeurs. Nous savons qu’un camping est à 6 ou 7 km, alors nous chargeons les sacs et marchons. Vu le peu d’activité de la journée, cela fait du bien, surtout, dans ce cadre naturel. Ici, la route est de nouveau en construction et le passage de chaque voiture soulève une poussière blanchissant notre peau.

Dans un virage, un pick up nous propose de monter et, après réflexions, nous lui demandons de nous déposer à un camping plus loin (autant profiter des occasions de stop qui sont rares ici). Avec les deux chiliens, nous découvrons une route incroyable. Cette route en construction serpente dans une montagne paraissant inaccessible…. Et pourtant, cela fait 30 ans que les Chiliens construisent ce passage de l’impossible emprunté par tous les véhicules, et pour les plus courageux à vélo. Les pauvres ! Ce tronçon de route est surement le plus fou qu’on est parcouru de la Carretera Austral.

A 20 h, nous arrivons de manière inespérée à notre but : un camping dans la réserve national de Queulat. Là-bas, nous y retrouvons, de manière fortuite et pour la troisième fois, nos cyclistes Kevin et Maude aperçus il y a 3 jours à Coyhaique. Le camping ressemble à un squat ce qui nous décide à nous éloigner un peu et de planter la tente sur un bord de chemin plus agréable.

Mercredi matin, nous continuons le chemin pour arriver à l’entrée du parc abritant ici quelques sentiers de randonnées dont un amenant à une vue panoramique sur un glacier suspendu, l’attraction du parc Queulat. Après quelques centaines de mètres sur les sentiers de découvertes, nous commençons la montée en direction du glacier. Le début est assez raide et boueux, puis, progresse dans une végétation de plus en plus luxuriante et verdoyante.

Ensuite, le chemin devient féerique, fantastique, on croirait progresser dans une forêt sortie tout droit du Seigneur des Anneaux ou d’Alice au Pays des Merveilles. La végétation si dense obscurcit la lumière et l’humidité présente propose une palette de vert infinie entre mousses, fougères, arbres…

Le panorama est splendide. Un petit promontoire permet d’observer ce glacier suspendu qui épouse, sur sa partie sommitale, une falaise vertigineuse d’où s’écoule une immense cascade issue de la fonte du glacier. En contre bas, le rio est gris-vert et tout autour, nous retrouvons cette même végétation exubérante. Comme tout le monde, nous profitons du lieu pour une pause pique-nique avant la redescente par ce même chemin toujours aussi envoûtant.

La tente pliée, nous adoptons une tactique de stop : commencer au bord du chemin pour profiter, seuls, des voitures quittant la zone du glacier. En effet, un peu plus loin, au croisement de la Carretera les auto-stoppeurs sont déjà agglutinés prêts à bondir sur les voitures qui attendent la réouverture de la route (cette portion de route est fermée tous les jours entre 13 h et 17 h pour les travaux).

Stratégie payante ! Nous montons rapidement à l’arrière d’un pick-up et passons, 2 mn plus tard, devant une quinzaine d’auto-stoppeurs au bord de la route principale. Ce bout de route est superbe mais il coûte la vie à dame nature : coupe des arbres, pilonnage des roches… Pendant une heure, nous longeons un fjord rempli des eaux du Pacifique.

Nous alternons les parties de chemin et de goudron avant d’être déposés à la sortie de la charmante bourgade de Puyuhuapi qui borde la fin du fjord. A 19 h, il nous reste du temps pour lever le pouce et aller plus loin. Et là, un camion s’arrête. Un de ceux dont on se dit à chaque fois que c’est inutile de tendre le pouce. Quand le conducteur nous ouvre les portes de la remorque, nous rencontrons deux voyageurs chiliens et montons avec deux autres chiliens travaillant sur la route. Les portes se referment et c’est parti pour 1 h de voyage type « clandestin ». Alors oui, il y a de la place. A 6 dans une remorque de 20m2 vide, nous ne nous marchons pas dessus. Par contre, ce trajet secoue et le paysage reste noir. Expérience unique ! Quand les portes s’ouvrent à nouveau, la lumière fait mal aux yeux et nous descendons dans le petit village de La Junta où nous plantons la tente dans un camping bondé.

Ce jeudi matin, nous ne le savons pas encore en se réveillant mais c’est notre dernier jour sur la Carretera Austral. Dès 9 h, il y a déjà du monde le pouce tendu à la sortie de la ville. Alors, nous nous éloignons par politesse et pour se donner plus de chances. Une demi-heure plus tard, nous voyons au loin un groupe de sac à dos qui vient vers nous. Eux, la politesse, ils ne connaissent pas. Arrivés à notre hauteur, ils posent leurs sacs et attendent. Énervés par ces attitudes récurrentes de ces derniers jours, nous leur demandons d’aller plus loin pour faciliter le stop à tout le monde. Rien n’y fait. Les filles du groupe haussent le ton et s’installent par terre. Fatalistes nous attendons, en ruminant, une voiture pour nous sortir de là.

Trois Chiliens salvateurs nous font monter à l’arrière de leur pick-up vieillot que nous partageons avec leur chien. Ce n’est que pour 40 km mais c’est déjà mieux que de rester là-bas avec les autres. La route est toujours aussi magnifique et, après 1 h, ils nous déposent dans un « pueblo » comme ils disent.

Ici, nous sommes seul. Pas d’auto-stoppeurs et rien d’autres non plus excepté trois maisons et autant de vaches. Assez rapidement, une voiture s’arrête. Nous grimpons à l’intérieur où nous retrouvons un autre auto-stoppeur pris par cette mère et ses deux fils. Le dialogue est facile car la mère est trilingue : espagnol, anglais mais surtout français.

Nous descendons à Villa Santa Lucia et quittons, donc, la Carretera Austral. Et tant mieux car les auto-stoppeurs qui la continuent sont trop nombreux et gesticulent déjà pour arrêter les voitures. Cerise sur le gâteau, nous croisons les deux filles que Meryl avait gentiment recadré lors de notre stop après Coyhaique. Inutile de préciser qu’on ne se dit pas Holà ! Un pick-up vide nous passe devant puis revient 5 mn plus tard. Quand nous montons dedans (et non à l’arrière), il nous explique avoir fait demi-tour pour venir nous chercher. Nous quittons, définitivement, la Carretera Austral, après quasi 1 mois sur cette route du bout du monde. Comme pour nous faire regretter de quitter cette Carretera, les paysages sont toujours splendides, ponctués d’immenses lacs, de falaises verdoyantes et d’un rio turquoise. Nous sortons de la voiture à Futaleufù, dernière ville Chilienne avant la frontière. Cette petite localité, qui est le prototype des villes de ces dernières semaines, est nationalement voire internationalement connue comme La « Mecque du kayak/rafting ». Il faut dire que son rio, le Fu, abrite de sacrés rapides pour les maitres de la pagaie.

Plein d’espoir après notre meilleure cession d’auto-stop, nous gardons espoir d’arriver en Argentine ce soir, et même à Bariloche qui est encore à 3 h de route. Mais, après 4 h sans résultats, nous nous résignons à abandonner. Nous passons donc une dernière nuit au Chili (où nous reviendrons sous peu) et retenterons notre chance demain ou bien assurerons le coup avec un bus.

Peu importe le moyen de passer la frontière, nous retiendrons que l’on a effectué la Carretera Austral quasiment tout en stop, et ce depuis Villa O’Higgins, il y a quasi 1 mois jour pour jour, ce qui correspond à un bon 1 000 km. Mais, au-delà des chiffres, qui sont plus signifiant pour les cyclistes, nous retenons surtout la beauté sauvage, et encore préservée du tourisme de masse, de cette piste qui nous a fait découvrir un Chili muy verde y muy lindo !

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