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Chaleur à Puyehue, Chili, 27.02.2017

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 19 nov. 2018
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 nov. 2018

De l’Argentine au Chili, il n’y a qu’un pas. Par contre, pour monter au sommet du volcan chilien Puyehue, il n’y a pas qu’un pas. Entre ces pas, il y a un tas de rebondissements, des tracas et des joies qui ont accompagnés nos 8 pieds, ceux de Meryl, Charlie, Clément et Elsa.

Pour se rendre sur le départ de notre trek au Chili, rien de plus simple. Nous embarquerons dans un bus de ligne pour 10 €, puis, passerons la frontière et nous ferons déposer sur la route. Ah oui, rien de plus simple ! Sauf que la veille, nous apprenons, finalement, que le bus de ligne coute 3 fois plus cher (pour 2 h de route) et surtout qu’il ne fait pas de dépose avant son terminus (80 km plus loin que notre arrêt prévu). Alors, nous pensons à faire du stop mais, à 4, le départ semble compliqué. De plus, il y a la frontière à quelques kilomètres. Alors, nous nous renseignons partout (navettes privées et taxis). Tous sont possibles mais hors de prix ! Finalement, nous nous rendons chez Gaston (franco-argentin), un loueur de vélos que nous connaissons depuis notre arrivée à Villa Angostura. Nous lui demandons conseille. Pour lui, il faut commencer le stop après la frontière car, avant, les gens seront peureux. Pour s’y rendre, il nous propose de partir avec son jeune vendeur pour moitié moins cher qu’un taxi.

Mercredi matin, nous embarquons donc, tous les 4, dans la voiture qui nous dépose 1 h plus tard à la frontière argentine. Au poste frontière, la file d’attente des voitures est déjà très longue en ce début de journée. Toutes ces voitures nous laissent bon espoir d’être pris. Une fois le passeport tamponné, nous divisons le groupe en 2 équipes pour se donner plus de chance d’être pris en stop. Elsa et Meryl sont devant Charlie et moi. Sans surprise, c’est le groupe des filles qui est pris avant celui de Charlie et moi. Une bonne demi-heure plus tard, une voiture s’arrête, enfin, pour prendre les deux barbus que nous sommes. Le conducteur parle un espagnol aussi hasardeux que sa conduite.

Il nous dépose juste avant la frontière Chilienne où nous retrouvons les filles. Etant interdit d’importer fruits, légumes et autres produits frais depuis l’Argentine, nous nous faisons renifler les sacs par un chien. Rien dans nos sacs à part des produits secs qui vont être la base de notre alimentation pour le trek (sniff sniff !!). Clandestinement, je réussi, quand même, à faire passer un ail dans ma poche qui échappe au flair canin. Très gentiment, notre conducteur (à Charlie et moi), nous attends juste après le panneau signalant notre passage au Chili. Et, très gentiment, nous acceptons d’embarquer les filles dans « notre voiture ». Nous sommes déposés à Anticura, lieu abritant un camping et quelques sentiers permettant d’admirer de belles cascades. Nous passons 2h à arpenter ces chemins et à admirer ces cascades.

Ensuite, nous repartons pour 2 km de marche en bord de route sous une chaleur moite. Arrivés au restaurant qui marque le début de notre trek, nous apprenons des nouvelles peu réjouissantes : Premièrement, le prix d’entrée a augmenté de 30 % (rien que ça). Deuxièmement, une éruption d’un volcan voisin datant de 2011 a enseveli les sources d’eau chaude naturelle (une de nos motivations pour faire ce trek). Troisièmement, il est difficile de trouver de l’eau potable sur le trek (grosse sécheresse). Le moral est, un peu, dans les chaussettes… je dirai même « beaucoup » lorsque nous chargeons nos sacs de 4 kg d’eau non prévue, nous permettant de pallier l’absence d’eau dans les premières heures de la rando.

Nous en buvons de l’eau en cette fin de journée. La montée au refuge est très raide voire trop raide. Nous gravissons 1 100 m de dénivelée dans une forêt humide. Dommage que nous ne puissions pas boire notre transpiration qui coule bien plus que les quelques ruisseaux asséchés. Chacun essaye de trouver son rythme, le plus économique possible pour les jambes et la soif !

A la sortie du bois, une petite descente (enfin) marque l’arrivé à un refuge. La fin d’une première journée bien remplie. Un couple d’Allemand m’apprend qu’il y a une petite lagune à quelques mètres. J’y cours et m’y « baigne » pour rincer mes litres de sueur. Malheureusement, l’eau peu profonde et stagnante ne semble pas bonne à consommer. Le refuge est au pied du volcan Puyehue. Il est sommaire mais il est possible d’y dormir à condition d’avoir le dos solide.

Nous, nous préférons planter la tente à l’extérieur et aller manger notre gamelle à l’intérieur du refuge. L’éruption de 2011 du volcan Cordon Caulle (proche du Puyehue) a modifié le paysage et modifié nos plans. Nous préférons donc faire des randonnées en étoile depuis le refuge que de continuer notre itinérance le sac sur le dos. Jeudi matin, c’est le soleil et la chaleur qui nous sort de la tente. Nous buvons un thé en mesurant l’eau qui nous reste et préparons les gourdes avec ce qu’il reste. La randonnée consiste à grimper le volcan Puyehue, un strato-volcan culminant à 2236 m dont la dernière éruption date de l’an 860 (les éruptions récentes de 1960 et 2011 sont attribuées au volcan voisin, le Cordon Caulle, qui forme un complexe volcanique avec le Puyehue).

Au début du sentier, nous sommes à l’affut du moindre bruit d’eau mais rien excepté un fil d’eau trop boueux. Et puis, c’est la délivrance. Nous entendons l’eau couler plus fort et surtout voyons l’eau couler plus claire ! Nous buvons et remplissons tous nos contenants pour la journée qui s’annonce chaude. Nous notons les coordonnées GPS du lieu pour y revenir en fin de journée remplir nos gourdes.

L’esprit plus léger mais les sacs alourdis, nous nous attaquons aux pentes abruptes du volcan. Nos pieds roulent sous les différentes pierres volcaniques en majorité des « pierres qui flottent » : la pierre ponce. Dans la vallée, c’est tout blanc. Une mer de nuage recouvre tout jusqu’à la limite du refuge, au grand désarroi d’Elsa et Meryl qui ne voient pas les lacs. Les derniers mètres deviennent longs et un peu plus raides mais la vue qui devient panoramique nous donne du courage. Ça y est, après 800 m de dénivelée positive, nous sommes au bord de la caldeira immense du volcan.

La vue à 360° est complétement dégagée et permet d’observer le cône du volcan Lanin (3747 m) à plus de 100 km au nord ainsi que d’autres volcans éteints au sud, des coulées de lave et un champ de ponces datant de 2011. A cela il faut rajouter la géante (2,5 km de diamètre) et désertique caldeira, qui se situe 200 m sous nos pieds et, que l’on croirait formée par une météorite. En naviguant sur les hauteurs, nous découvrons aussi des roches aux couleurs volcaniques et des glaciers bleutés cachés sous les mètres cubes de pierres ponces beiges.

Après quelques heures, Il faut bien redescendre. C’est une partie de plaisir au vu de la montée. Pour retrouver facilement notre point d’eau, nous marchons dans les gorges du rio dont l’eau est pour le moment très boueuse. Plus nous nous approchons du point GPS, plus nous nous inquiétons de l’eau toujours aussi marron. Et sans surprise, l’eau qui était si claire ce matin est imbuvable cette après-midi. La faute à la chaleur qui décroche des morceaux du glacier, en amont, recouverts de terre et de poussière qui « polluent » l’eau.

Arrivés au refuge, nous nous consolons en nous lavant dans la lagune qui a aussi subi les fortes chaleurs de la journée puisqu’elle a réduit de moitié. A table, nous faisons un point « eau » et le verdict tombe : si l’eau n’est pas redevenue claire demain matin, il nous faudra redescendre. Pour le moment, la purée, qui nécessite le moins d’eau, sera notre repas du soir. Et chaque goulée d’eau est mesurée et appréciée à sa juste valeur.

Vendredi matin, réveil matinal, chargés de tous les contenants que nous trouvons, nous partons à la source entre inquiétude et espoir. Des cris de joies s’échappent quand nous apercevons la rivière dont l’eau est claire comme de l’eau de roche ! Le remplissage des bouteilles est glacial mais qu’importe, nous repartons au refuge avec au moins 20 L d’eau.

Après un petit déj’ sans retenue à base de thé à volonté et d’eau au sirop, nous partons à la découverte des stigmates de l’éruption de 2011, sur le plateau au pied ouest du volcan Puyehue. La météo n’a pas changé. Le ciel bleu contraste avec le blanc de la mer de nuage et le soleil chauffe déjà nos jambes qui s’actionnent. Le sentier suit le flanc sud du volcan avec une vue globale du Cerro Tronador (que nous n’avions quasi pas vu lors de notre rando neigeuse il y a une semaine) avant de nous débarquer dans un désert minéral sur le flanc ouest.

Peu à peu, nous découvrons des coulées immenses d’obsidiennes (roche acide) qui atteignent une trentaine de mètres d’épaisseur. Il reste encore du chemin pour arriver à leur pied. Le chemin est rendu difficile par les canyons asséchés qui coupent le flanc ouest du Puyehue. Et puis, nous perdons définitivement le chemin qui n’est plus indiqué et enfoui sous les ponces.

Nous sortons alors le GPS pour se rendre vers quelques fumerolles en activité que nous voyons au loin. Cependant, au sommet d’un monticule de ponces, nous comprenons que nous ne pourrons pas nous y rendre. En plus d’être trop éloignés, une coulée imposante d’obsidienne se dresse entre nous et les fumerolles. Sous un soleil caniculaire et sans une brindille pour se mettre à l’ombre, nous mangeons nos produits secs. Sous les vols tournoyants de deux magnifiques condors, nous nous demandons ce qu’ils attendent !

Une descente technique, un passage de canyon quelque peu glissant, une remontée transpirante et nous retrouvons, enfin, le sentier pour le chemin retour. Si nous connaissons cette fois le chemin, la forte chaleur de la journée et la fatigue dans les jambes commencent à faire tourner les têtes. Heureusement pour nous, nous enjambons un ruisseau qui est encore claire même en pleine après-midi. Heureux et assoiffés, nous en profitons pour laver la poussière qui s’est accumulée partout sur nos corps durant cette journée.

Au refuge, nous ne boudons pas notre plaisir à enchainer les bouteilles d’eau et les sachets de pâtes sans modération. Nous nous brossons même les dents !! C’est pour dire ! La nuit est une nouvelle fois claire et magnifiquement étoilée. Samedi matin, nous levons le camp. Il est temps de rentrer dans la vallée nuageuse après 3 journées dans un cadre naturel volcanique surprenant où l’eau est aussi rare que la végétation.

La redescente nous plonge, peu à peu, dans une ambiance fantomatique entre la fumée des vapeurs d’eau et l’humidité déposée sur les centaines de toiles d’araignées. Quand la route réapparait, c’est une autre aventure qui commence. Il faut rentrer à Villa La Angostura (où nous avons laissé quelques sacs) … en stop. Je retrouve mon binôme d’auto-stop, Meryl, pendant que 100 m en amont Charlie et Elsa tendent aussi le pouce.

Après 3 h infructueuses, nous demandons au fermier du coin de nous déposer à la frontière Chilienne contre quelques pesos. Nous nous imbriquons dans sa vieille voiture et, lors d’un virage, nous croyons nous imbriquer un peu plus quand il perd, momentanément, le contrôle de son véhicule. Selon lui, c’est un chien qui est passé sous ses roues. Nous, nous constatons que le chien était sûrement imaginaire et que ses pneus sont trop lisses et sa conduite peu académique

Quand nous tamponnons notre sortie du Chili, il nous reste peu de temps pour rejoindre l’Argentine (30 km plus loin). En effet, il nous est interdit de rester entre les frontières quand elles ferment. Celle du Chili ferme dans 20 mn… Nous tentons un stop désespéré mais les dernières voitures sont pleines ou peu convaincues par nos pouces. Une voiture s’arrête mais ne peut prendre que 2 personnes. Ce sont Elsa et Charlie qui montent dedans. A 10 mn de la fermeture, une voiture ralenti… Une porte s’ouvre. Ouf !! Nous ne sommes pas obligés de retourner au Chili. La route sort enfin des nuages pour nous offrir de superbes paysages et une forêt brulée par les retombées volcaniques de 2011.

A 2 km de la frontière Argentine, c’est déjà les bouchons. Nous rejoignons donc le poste frontière à pied en doublant une file interminable de voitures. Au bureau des passeports, nous retrouvons, sans surprise, Elsa et Charlie. Mais, avec grande surprise, nous croisons Maude et Kevin (les cyclistes suisses) que nous avions quitté il y a quasi un mois à Coyhaique (Carretera Austral). Ils passent la frontière en bus pour rejoindre Bariloche. Les retrouvailles sont écourtées. Le temps presse… Il reste peu de voitures et nous sommes encore à 35 km de Villa La Angostura.

C’est un pick-up qui s’arrête pour nous faire de la place à l’arrière et pour nous 4 !! Cheveux au vent, nous retrouvons les bonnes sensations du stop en pick-up que nous avions découvert sur la Carretera Austral. Après cette cession d’auto-stop digne d’un Pékin-Express, nous arrivons enfin à Villa La Angostura où nous récupérons nos petits sacs chez Gaston (le loueur de vélo) qui les avaient gentiment gardés dans son magasin. Au camping, nous nous régalons des produits frais (salade, yaourts, fruits) qui nous ont tant manqué ces 4 derniers jours.

Nous passons la fin et le début de semaine suivante à la ville, entre connexion internet à la station essence, repas à base de produits frais (dont un excellent BBQ) et discussion dans le magasin de vélo de Gaston. Avec lui, nous préparons notre prochaine étape : Effectuer la route des 7 lacs entre Villa La Angostura et San Martin de los Andes à vélo ! Une centaine de kilomètres sur la route 40 qui parait il est superbe… une affaire à suivre et, qui nous l’espérons, une affaire qui roule !



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