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Derniers jours à Bornéo, Bornéo, 2.01.2018

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 26 nov. 2018
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 déc. 2018

Nous voilà devant cette fameuse porte temporelle, celle qui nous transporte chaque 31 dans un nouveau nombre… Pour certains, il est synonyme de changements. Pour nous, il rime avec continuité… Cette fameuse porte temporelle est une porte d’embarquement, au travers de laquelle, nous changeons de pays pour continuer notre voyage. Occupons-nous avant tout du présent et de nos dernières histoires passées…

Nanga Damai ça sonne exotique et nous ne sommes pas déçus quand nous découvrons ce homestay : maison type coloniale, jardin aussi fleuri que coloré au milieu duquel rayonne une piscine et, en toile de fond, la jungle verdoyante. Le cadre est idéal et le couple tenant cet hébergement tout autant. Polycarp, d’origine malaise, vit ici avec sa femme, Louise, d’origine anglaise. A eux deux, ils ont construit cette « long house » habitat traditionnel malais, sauf qu’ici la « long house » est, longuement, haute.

Poly est autant malais que Louise anglaise : lui est sûr de ce qu’il dit sans vraiment savoir et elle argumente ces propos avec une touche de sarcasme ; lui est habillé pour s’habiller et elle choisit ses vêtements dans une garde-robe aussi délicate et colorée que son jardin ; lui mange pour manger et elle regrette presque sa nourriture anglaise… Un couple atypique avec lequel nous nous sentons bien, comme à la maison, et c’est tant mieux car nous sommes là pour 3 nuits.

Damai est le seul « village » aux alentours. Il se situe à 2km du homestay au bout de la route qui termine sa course dans l’océan (à la pointe nord de la péninsule de Santubong). Nous expliquons à Poly que nous voulons y aller à pied, ce qu’il a du mal à comprendre puisqu’il nous propose de nous y déposer en voiture. Heureusement, Louise comprend, elle, que marcher fait du bien et que même s’il doit pleuvoir ce n’est pas dangereux. Ah oui ! Autre caractéristique à ajouter : lui est craintif de tout (comme la plupart des Malais) et elle presque « aventurière ».

Damai comprend 3 resorts, une plage et une placette unique partagée entre quelques échoppes et stands de restaurations… Bref, rien, mais suffisant pour regarder l’océan, manger et jouer aux cartes. Oui, nous avons enfin découvert un jeu de carte palpitant à jouer à 2, notre séjour prend une nouvelle dimension !

Outre les allers-retours entre la chambre, la piscine et Damai, nous découvrons le parc national qui se cache derrière nous. Le premier sentier est plutôt facile : une trace évoluant le long d’une rivière faisant son chemin dans une végétation luxuriante, puis, un pont suspendu superbe et, traditionnellement, racines, bruits assourdissants, transpiration à grosses gouttes et regard par terre plutôt qu’en l’air.

La jungle n’est pas, vraiment, le meilleur endroit pour « profiter » de la marche. Peu importe, le sommet Santubong culminant à 800m, nous invite à partir pour une nouvelle marche « junglestique ». La première moitié monte, graduellement, dans un couvert végétal qui offre, parfois, quelques vues dégagées sur la péninsule.

A la moitié, il reste, tout juste, 2km mais la jungle n’en a que faire : le panneau indique 2h30 de marche pour rejoindre le sommet. Nous nous attendons donc à une suite plus technique, et nous ne sommes pas déçus. Pente très raide nécessitant l’aide de cordes ou de racines, nous « escaladons » plus que nous marchons, et surtout les échelles « de la mort » assurent les passages de l’impossible mais très loin d’être rassurantes. Ces échelles sont, en effet, équipées de cordes fatiguées sur lesquelles sont intercalés des rondins de bois beaucoup trop espacés, surtout pour les petites jambes de Meryl, et rendus glissant par une humidité permanente que nos mains transpirantes et tremblotantes ont du mal à agripper.

Pour que le risque soit maximum, les échelles sont parfois hautes, plus d’une dizaine de mètres, et verticales. Nous nous demandons comment ce chemin n’est pas signalé « dangereux » ou juste pourquoi ces échelles datant du premier Indiana Jones n’ont pas été remplacé ?

Nous restons concentrés et gravissons échelons après échelons… Mais cette nouvelle échelle fait peur et la météo n’est pas favorable, je passe le premier mais Meryl se sent mieux au pied de l’échelle. Pendant qu’elle m’attend ici, je continu l’ascension qui devient exténuante sur les derniers mètres.

Le sommet ! Nous retiendrons plus « l’exploit » sportif que la vue totalement bouchée par les nuages accrochés au sommet. Dans la redescente je retrouve Meryl deux échelles plus hautes où je l’avais laissée. Eprise par le froid et l’humidité elle a trouvé les ressources pour aller plus haut ! Contents de se retrouver entiers, nous ne sommes pas moins quelques peut inquiets d’attaquer la redescente, monter une échelle est toujours plus simple que d’en descendre, surtout quand la fatigue s’installe. Avec beaucoup de concentration et d’application, nous laissons ces échelles derrière nous et retrouvons « juste » des cordes pour assurer nos derniers pas. Nous arrivons épuisés et trempés au homestay après 5h de « marche » pour 6km, le reste de la journée se passe dans et au bord de la piscine.

Notre seule motivation était de partir à la conquête du Mt Kinabalu mais le prix exorbitant de quasi 400€/personne pour le package obligatoire de 2J/2N a vite calmé cette envie. En effet, comme il est interdit de partir seul à la conquête du plus haut sommet d’Asie du Sud-Est, les malais en profitent… trop ! Après longue réflexion et étude du lonely planet et de notre budget, nous décidons, donc, de rester dans ce havre de paix une semaine de plus. Nos journées vont, alors, tourner au ralenti : petit déjeuner, lecture, films, piscine, marche pour aller manger en ville, marche pour revenir au homestay, discussion avec Louise et, parfois Poly, sortie au supermarché avec eux pour se rendre compte qu’il n’y a rien à manger… La météo, elle, ne tourne pas au ralenti. Les journées et les nuits sont marquées par de grosses pluies qui motivent un peu plus notre inactivité.

Pas vraiment prévu mais tellement agréable, nous nous retrouvons Louise, Poly, Meryl et moi assis à leur table pour le repas de Noël. Personne à l’exception de nous 4 n’est au homestay, et Louise a eu la gentillesse de nous inviter à partager un délicieux repas qu’ils ont préparé : Jambon grillé, purée, petits légumes, sauces et gratin sont un régal, d’autant plus que tout cela est accompagné d’un bon breuvage que nous n’avions plus gouté depuis notre départ, du vin ! En dessert, tarte au citron et, bien sûr, pudding ! Tout ça est bien délicieux mais difficile à digérer.

Nos repas n’étaient plus si conséquents ! Le lendemain, nous parcourons le dernier sentier du parc histoire de digérer les mets de Noël. Encore alourdi par le repas de la veille, je trébuche sur une racine et c’est mon avant-bras qui déguste… de son côté, Meryl doit être aussi trop lourde quand une branche craque sous sa main et sa cuisse percute une racine. Un superbe bleu pour elle et une belle entaille pour moi, voici nos cadeaux de Noël !

Quand un matin, nous faisons nos sacs et que nous disons au revoir à Louise et Poly, nous nous rendons compte que nous avons passé 11 jours ici, et dire que nous venions pour 3. C’est donc avec un grand merci que nous quittons ce bel endroit pour retourner à la ville, à Kuching. Vu qu’il ne reste que 2 jours avant le 31 (Kuching nous avait bien plu), nous passons la fin d’année ici. Nous y retrouvons quelques habitudes : restaurants, balade sur le waterfront… Nous retournons même au centre de réhabilitation des orangs-outans (nous y croisons plus de monde et moins de primate que la dernière fois).

Puis, nous nous retrouvons, comme des centaines de personnes, agglutinés près du pont pour le décompte de 2018. Le feu d’artifice n’est pas spectaculaire mais suffisant pour que tous les gens présents le regardent au travers de leur téléphone (sacré travers ce téléphone). A peine terminé, la foule se disperse sans grande effusion, nous en faisons autant. En même temps, on change juste de journée !

La première journée de 2018 est pluvieuse…année heureuse ? Sur ce, nous nous envolons pour rejoindre Kota Kinabalu. Nous quittons la région du Sarawak qui nous a offert de belles aventures dans une atmosphère plus saine et agréable que sa région voisine, le Sabah, où nous atterrissons. L’hôtel où nous passons notre dernière nuit est à l’image des autres et, surtout, de notre ressenti sur l’île de Bornéo : d’extérieur, cela semble toujours attrayant donnant envie d’en voir plus, et puis, au fur et à mesure, lorsque nous montons les marches, la magie opère un peu moins, et quand la porte s’ouvre c’est trop tard nous sommes déjà là… heureusement, il y a parfois de belles escapades possibles par la fenêtre.

Si nous devions vous faire un synopsis de Bornéo : attendez-vous à des rencontres animales magiques, savourez quelques plages au sable blanc, et surtout goutez à l’humidité verdoyante de la jungle, un univers qui n’a nul égal. Mais, soyez tout aussi prêt à affronter une pollution sans limite, des rencontres humaines qui ont, elles, des limites et, surtout, une gastronomie qui manque de tout sauf de piquant. La balance est presque équilibrée mais le manque d’autonomie cumulé aux coûts (trop élevés) des activités nous fait pencher du mauvais côté.

Cependant, si les packages et leur coûts ne vous posent pas de problème, partez à la découverte de cette île riche en surprises… avant que faune et flore ne disparaissent sous les palmiers, ou pire, sous les plastiques.

Quant à nous, changement de décors, changement de pays, changement de continent… nous nous envolons, ce soir, pour l’Océanie, à la découverte d’une nouvelle île, aux antipodes de la France, Haere mai Aotearoa, « bienvenue en Nouvelle-Zélande ».


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