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Du Villarica à Santiago, Chili, 12.03.2017

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 20 nov. 2018
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 nov. 2018

Lundi, nous arrivons au Chili à Pucon. Mardi, nous sommes déjà en train de grimper le Villarica, volcan le plus actif d’Amérique du Sud alors que, mercredi, nous profitons des eaux thermales. Enfin, jeudi, nous débarquons à la vraie ville, à Santiago. Programme intense en activités, en kilomètres et en surprises (bonnes ou moins bonnes). A découvrir sans modérations…

Quand le réveil sonne à 5h lundi matin, nous avons du mal à ouvrir les yeux mais le ciel étoilé, annonciateur d’une belle journée, nous motive. A 6h, nous rencontrons le couple Anglais et nos 2 guides avec qui nous allons faire l’ascension du Villarica. Nous sommes bien équipés : sac à dos, sur-pantalon, veste, chaussures d’alpinisme, crampons, piolet, masque à gaz et luge (pelle). 30 mn de voiture plus tard, nous sommes à la station de ski au pied du volcan à 1400 m. Le soleil commence à colorer les éléments naturels et les mini- bus débarquent de nombreux clients avec leurs guides. Ce volcan est un vrai business avec 200 clients par jour en haute saison. Pour nous, c’est fin de saison et nous sommes « seulement » une centaine.

Eduardo et Juan sont nos guides Chiliens. En plus, d’avoir 2 guides pour encadrer 4 clients, ils sont très compétents. Le rapport est aussi bien meilleur vis-à-vis de certains groupes de 10 personnes pour un seul guide ! Avant de commencer, ils nous proposent de gagner 1h de marche raide en dépensant 15€ dans une monté en télésiège. Nous décidons de ne pas s’économiser mais d’économiser en montant à pied ! Arrivés en haut du télésiège, nous retrouvons tous les groupes à admirer le lever du soleil. Il ne faut, quand même, pas trainer car la montée est encore longue (1400 m de dénivelée positive) et les clients nombreux. Même si nous pressons le pas, en file indienne, ça traine un peu !

Le soleil s’impose lorsque nous arrivons au pied des glaciers qui couronnent le sommet du volcan. Ici, nous chaussons les crampons, nous armons du piolet et nous attaquons à la glace ! Les sensations sont bonnes et le spectacle grandiose : une vue à perte de vue. Notre groupe avance bien, enchaine les zigs-zags dans la glace et nos guides nous font prendre une direction moins fréquentée que les autres.

La dernière portion de glace demande vigilance. Très raide, elle est éprouvante pour le couple d’Anglais alors que Meryl et moi nous nous sentons bien. Il faut dire que les pauses sont nombreuses et la montée tranquille. Sur une corniche basaltique, tout le monde s’arrête. Nous posons sacs, piolets et enlevons les crampons tout en gardant les casques. C’est parti pour l’ascension final dans la lave solidifiée de 2015. En une demi-heure, nous arrivons tout en haut et apercevons le cratère fumant et jauni par les gazs sulfurisés. Peu après, nous vivons sûrement l’une des plus belles expériences que nous ayons pu voir. Au fond du cratère, ça bouillonne, ça érupte, ça brûle... le magma est actif et visible !!!

Il est juste là, à une centaine de mètres sous nos pieds, du magma à 2700 m d’altitude alors qu’il provient du centre de la terre à 6000 km sous nos pieds… Incroyable ! Nous sommes subjugués. La terre nous montre une nouvelle fois que c’est bien elle qui crée ce qu’il y a de plus beau. Après la grandiose beauté des aurores boréales, nous sommes hypnotisés par ce magma. Il nous tarde de voir une coulée de lave sous une aurore boréale pour assurer un spectacle complet.

Juan nous arrache à nos regards hypnotisés par les éruptions de magma car il nous faut, malheureusement, redescendre. Nous retrouvons nos sacs pour se ravitailler avant la redescente finale tout en admirant le panorama au sommet du Villarica Rucapillan (nom MAPUCHE signifiant maison du démon). Le volcan Lanin paraît si prêt et les lacs s’enchevêtrent dans des vallées verdoyantes.

Le début est pénible car nous sommes coincés derrière un groupe dont certains sont peu habiles dans les éjectas basaltiques. Du coup, nous progressons aussi vite que sur le périph’ parisien à 17h30. Enfin, nous retrouvons la glace. Cette fois, nous ne chaussons pas les crampons mais l’équipement surpantalon/veste/gants. La neige sur le glacier s’étant ramollie avec le soleil, nous allons gagner du temps en descendant sur une pelle/luge. Attention, nous ne sommes pas sur une piste verte, l’inclinaison est assez raide pour être précautionneux et maitriser sa vitesse à l’aide du piolet comme frein.

La trace est déjà faite. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser sans oublier de freiner pour ne pas être freiner par les coulées de basaltes. Chacun y va à sa vitesse. Tout le monde y trouve ses sensations. Nous enchaînons 4 glissades qui nous font gagner du dénivelé, alternative amusante et moins fatigante.

Nous repassons devant le télésiège et courons dans une descente de basalte érodée, assurant nos appuis. En 2 h, nous sommes déjà en bas toujours sous un magnifique soleil alors qu’il nous avait fallu 5 h pour monter ! Nous nous retournons une dernière fois pour admirer ce volcan vivant qui nous a offert un spectacle naturel inoubliable.

De retour à l’agence, les guides nous offrent une bière et nous discutons avec eux de leur métier et de la vie au Chili. Déjà au cours de la sortie, nous nous disions contents de nos guides et l’impression est confirmée en cette fin de journée. De l’agence au terrain, tout roule et ça fait plaisir de voir enfin des gens compétents sur toute la ligne… ça change de ce que nous avons pu voir au cours de ce voyage (l’agence c’est Patagonia experience, ils méritent d’être cités).

Le soir, pas besoin de berceuse, si nous nous sentions peu fatigués durant la sortie, tout cela retombe au moment de se glisser dans nos sacs de couchage. Mardi, place à notre deuxième activité du package, les thermes. Nous commençons à nous sentir de « vrais » touristes quand nous venons nous chercher en navette privée. Heureusement, nous dormons toujours en tente et mangeons du riz ! Le cadre des thermes est sympathique mais la prestation nous déçoit : deux piscines d’eau tièdes et une d’eau froide à l’extérieur… Malheureusement, tout le monde n’a pas le tourisme et le service dans le sang !

Nous en profitons quand même pour nous détendre les pieds dans l’eau en lisant quelques pages de nos livres numériques tout en prenant quelques coups de soleil.

Le soir même, en errant dans Pucon, nous croisons, à nouveau, Kevin et Maud qui ont fait vite à vélo depuis que nous les avions quitté à San Martin. Eux, dorment en auberge alors que, Meryl et moi, nous nous rendons dans notre tente au camping. Nous sommes, une nouvelle fois, peu vaillant après cette journée de glandouille ! A 6h du matin, nous nous faisons réveiller par la pluie qui tombe, de plus en plus fort, sur notre tente. A 9h, nous décidons de sortir puisqu’il est temps de ranger notre matériel et, surtout, de faire sécher la tente. Après moult discussions, nous prenons la décision de rejoindre Santiago puisque la région du centre Chilien nous intéresse peu et que la météo ne semble pas favorable. Par contre, nous optons, cette fois, pour le bus. La pluie incessante et le prix hors saison du bus ont raison de nos pouces qui resteront, à l’abri, dans nos poches. Ainsi, mercredi soir, nous disons au revoir à Kevin et Maud (qui nous rejoindrons à Santiago par le bus du lendemain) et grimpons dans un bus confort pour 800 km de trajet nocturne.

10 h plus tard, nous ouvrons les yeux dans la gare routière de la capitale Chilienne. Nous sommes perturbés d’être arrivés aussi rapidement (en stop, nous aurions sûrement compté 2 à 3 jours) et totalement hébétés de se retrouver dans l’ambiance d’une grande ville. Ici, tout va trop vite. Il est tout juste 6h30 du matin et nous devons trouver un lieu où dormir ce soir, sans tente et pas cher… dur dur le réveil !

Après 5 mn de marche dans la rue, Meryl reçoit une merde d’oiseau sur la tête et encore plus sur le sac à dos (rien de surprenant, elle est habituée à être ce genre de cible). A ce même moment-là, je découvre aussi que les oiseaux ont criblé mon sac à dos et, là, c’est déjà plus rare ! Bienveillant, un homme d’une cinquantaine d’années nous propose des mouchoirs pour nous essuyer. Nous nous arrêtons et pendant qu’il nous aide à mettre nos sacs sur un banc un autre quinquagénaire arrive, lui aussi, avec des mouchoirs. Quelle bienveillance ces chiliens ! Nous continuons à essuyer les fientes que nous trouvons d’une drôle de texture, d’un drôle de couleur et d’odeur. Nous nous demandons quelle sorte d’oiseau peuvent chier ça en aussi grande quantité ! C’est alors qu’un des hommes nous invite à regarder en l’air pour nous montrer les oiseaux… inexistants. Et là, un troisième homme arrive dans notre dos et commence à mettre la main sur nos petits sacs mis de côté par le premier homme. Le plan était presque parfait mais Meryl, dans la suspicion depuis le début à contrario de moi, se retourne trop vite pour le chapardeur qui laisse tomber les sacs sous la gueulante de Meryl ! Les trois hommes, qui n’ont rien d’agresseurs, se trouvent pris la « main dans le sac » et se sauvent en courant en disant qu’ils n’ont rien fait ! Meryl sauve nos petits sacs mais pas nos habits et nos grands sacs qui, eux, sont marqués par le produit que les arnaqueurs nous ont jeté soit par une fenêtre soit quand l’un d’eux marchait derrière nous… Sur cette question, le mystère reste entier. Par contre, la composition à l’odeur vomitive du produit nous semble être un mélange dégoutant d’huile, de vinaigre et de moutarde périmés depuis des années ! Notre entrée en ville est définitivement merdique et l’arnaque, quoi qu’imaginative, l’est tout autant !

Puants, nous nous réfugions dans un café pour chercher sur internet un lieu où dormir. L’odeur de nos habits et sacs est insupportable. D’ailleurs, personne ne vient s’assoir à nos côtés. Après 3 h de recherche, nous trouvons un appartement sur AirBnB que nous allons partager avec Kévin et Maud qui arrivent demain matin. Dans l’après-midi, nous rencontrons Paolo qui nous donne les clefs de son bel appartement situé au 18ème étage d’une résidence standing avec piscine et vue panoramique sur la ville. Bonne pioche ! Santiago nous sourit enfin ! Habits lavés, corps douchés, nous retrouvons une odeur corporelle agréable pour se coucher dans un lit des plus confortables.

Vendredi matin, Kévin et Maud débarquent à l’appartement fatigués du bus mais non arnaqués ! Dans l’après-midi, nous visitions la ville à notre façon. En effet, l’objectif n’est pas de voir monuments, parcs, et autres hauts lieux de Santiago mais de trouver des crampons pour marcher sur glacier. Vous vous demandez sûrement à quoi nous sert des crampons à Santiago ?! Ici, nous sommes, il est vrai, loin d’avoir des glaciers (à part ceux à divers parfums) avec les 30°C qu’y règnent. Cependant, à 2 h de route, il y a les Andes et le Cerro Plomo, un sommet culminant à 5450 m que nous souhaitons gravir les prochains jours et qui nécessitent des crampons !

Alors, nous nous rendons en métro (dur retour au métro après autant de temps loin de l’agitation) dans un grand centre commercial où aucun magasin ne loue de matériel de montagne. Cependant, un vendeur nous indique un magasin proche d’ici susceptible de répondre à nos attentes. C’est un vrai jeu de piste qui s’engage ! Nous nous y rendons et le vendeur nous informe qu’il ne loue pas mais qu’il connait un autre endroit qui peut nous fournir du matériel. Nous rencontrons, également, un Chilien (bolivien d’origine) qui nous donne quelques conseils sur le trek du Cerro Plomo qui ne semble pas une mince affaire (l’oxygène y est assez rare). Il sait de quoi il parle puisqu’il l’a grimpé 40 fois. Sergio, de son nom, nous propose de nous emmener à l’autre magasin. Dans sa voiture, nous comprenons vite qu’il est un guide de haute montagne très qualifié et qu’il a déjà parcouru le monde entier.

Le troisième magasin est le bon. Ici, nous pouvons louer crampons, chaussures, bâtons… Ouf, le jeu de piste est terminé. Nous hésitons encore à louer des gants, des vrais, car au sommet du Plomo la température varie entre -15 et -25°C ! A peu le temps de réfléchir que la course reprend quand le loueur nous donne les 3 dernières paires de crampons… pour 4. Certes, il n’y aura qu’une petite partie glaciaire à traverser mais nous n’allons pas en laisser un de nous de l’autre côté ! Le loueur appelle alors un autre loueur qui lui affirme qui lui reste des crampons mais qu’il ferme dans 30 mn et qu’il n’ouvre pas le week-end. Nous sautons, dans le premier taxi, qui comprend notre empressement et n’hésite pas à rouler un peu trop vite. Nous sommes les derniers clients mais nous obtenons la 4ème paire de crampons toujours sous l’air dubitatif des vendeurs lorsqu’ils apprennent que nous partons sans guide.

Un métro de plus et nous rentrons « chez nous » à la nuit tombé et fatigués de cette chasse aux crampons !

Samedi, ce n’est pas encore la journée de la visite touristique de Santiago. Cette immense ville, nous semble pour le moment, peu attrayante. Et ce samedi c’est la journée de préparation du trek (départ dimanche). Nous retournons au loueur pour récupérer notre matériel et déposer ce que nous ne prendrons pas les 7 prochains jours (le loueur nous garde nos affaires, ainsi que les vélos de Kévin et Maud, gratuitement). Nous remplissons nos sacs de vivre et jetons un dernier œil aux cartes et à la météo. Enfin, nous profitons de l’appartement et surtout de la piscine sous un beau soleil avec un regard, au loin, sur les montagnes qui nous attendent.

Demain sera donc le départ de notre grand dernier trek de notre aventure argento-chilienne. Quel final. Une ascension en 5 ou 6 jours (suivant notre acclimatation) du Cerro Plomo qui haut de ses 5450m offre une vue incroyable et, surtout, un face à face avec le point culminant d’Amérique du Sud, l’Aconcagua.


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