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En route pour l'auto-stop et la péninsule de Valdes, Argentine, 1.12.2016

  • Photo du rédacteur: Clem'trotter
    Clem'trotter
  • 10 nov. 2018
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 nov. 2018

Mar del Plata, Bahia Blanca et enfin Puerto Madryn, 1500 km de route pour rejoindre la porte d’entrée de la Patagonie. Voitures, bus et camion nous ont fait découvrir une côte atlantique monotone et peu attrayante. La péninsule de Valdès et ses alentours, riches en faune marine, ont été salvateur malgré une forte chaleur. Voici le récit de cette semaine passée sur les routes Argentines.

C’est finalement en voiture que nous quittons Buenos Aires, avec Leandro et Katja en direction de Mar del Plata, la plage du sud de BA… à 4 h de route tout de même. Dans cette station balnéaire, Leandro a un appartement où nous passons deux nuits. Si dans mes récits d’Asie, j’ai souvent moqué et décrié la plage française de Palavas et bien, cette fois-ci, je l’encense au vu de la plage de Mar del Plata. Le sable est aussi « propre » que l’océan et aussi peuplé que la ville. En moins de 200 m, on fait une dernière brasse boueuse ; on esquive les mégots sur le sable et ; on s’enfonce dans les rues saturées du centre-ville… nous, par contre, on se contente de goûter à la dernière composante de ce triptyque balnéaire !

Peu séduits donc, nous quittons la ville après avoir confectionné un panneau qui nous mènera, nous l’espérons, jusqu’au fin fond de la Patagonie (« Nous sommes français et voulons aller en Patagonie »). Toujours aussi généreux, Leandro nous conduit hors de la ville pour avoir les meilleures chances de commencer notre aventure en stop. Carton à la main, on se demande si cela va prendre aussi bien qu’un poisson dans une pisciculture. Ça mord en à peine 30 mn, une petite voiture où nous remplissons l’arrière avec nos sacs sur les genoux. Devant un jeune couple d’argentin très sympathique avec qui nous construisons nos fameuses phrases de voyageurs en espagnol : Somos de la Francia, ayer estabamos en Buenos Aires y vamos en la Patagonia…

Déposés un peu au milieu de nulle part, on retend le pouce dans la direction de Bahia Blanca. Ou plutôt dans la mauvaise direction, après qu’un gentil argentin se soit arrêté pour nous en informer. Une nouvelle voiture s’arrête assez rapidement, un peu plus grande mais avec une personne en plus que la précédente.

On se serre. On sort nos quelques phrases et on progresse. On admire la route qui n’est pas admirable et on est déposé dans une petite ville où les trois amis s’arrêtent. On finit notre route pour Bahia Blanca dans un bus « barrato » (pas cher) dans lequel nous montons grâce à l’aide d’une jeune argentine qui nous achète nos billets (c’est comme le métro à BA, il faut avoir une carte pour la créditer). Devant le McDo (depuis l’Islande, on en avait presque oublié l’existence) de Bahia Blanca, la jeune argentine, avec l’aide de l’agent de sécurité, armé, (oui oui il y a un policier qui surveille le McDo) et un autre jeune, nous indique un hôtel pas cher dans le coin. Ici le camping n’est pas conseillé (dans les grandes villes faut être un peu plus sur ses gardes).

Dimanche matin, nous montons aussi vite que nous descendons d’une voiture dans laquelle un aimable argentin, nous parlant cependant trop vite, nous dépose à la station essence de la sortie de la ville. Le meilleur spot pour espérer un camion qui descende vers le sud. 20 m de long pour 42 T, je parle bien sûr du premier camion qui nous embarque et non pas de la taille et du poids de Juan Rojas, son sympathique chauffeur. Avec lui, c’est parti pour 10 h de trajet, pauses comprises car il faut bien remplir le réservoir de 600 L ! Discussions, dégustation et confection du fameux Maté bu par tout un peuple (après le Coca Cola), lutte pour ne pas dormir, nouvelle tasse de Maté, musiques rock’n roll, nombreux contrôles du camion (sanitaire, poids du camion pour limiter l’usure des routes par les camions), panneau directionnel indiquant Ushuaia à moins de 2000 km (on y est presque) … puis station essence où nos routes, après 700 km, se sépare. Un dernier coup de pouce de Juan Rojas qui nous appelle un taxi pour rejoindre Puerto Madryn qui est à 10 km de la route, et à 22h aucunes envie d’y aller à pied.

Premier montage de tente dans un camping surplombant la baie de Puerto Madryn, qui, de nuit, semble plus balnéaire que Mar del Plata.

De jour, ça perd quand même de sa splendeur : une plage peu reluisante surtout à marée basse, une architecture anarchique jonchant la baie et autour, c’est le désert. Alors, pourquoi s’arrêter ici si Puerto Madryn s’intercale entre Mar del Plata et Palavas ?! Et bien, parce que c’est la capitale pour observer les baleines et autres animaux marins. Enfin à la bonne saison, d’Avril à Septembre, zut, on est en Novembre. Peu importe, on décide de louer une voiture lundi matin pour partir explorer la péninsule de Valdès et ses alentours qui regorgent de sites à phoques et oiseaux marins.

Ce lundi est qualifié de « lunes negro » à cause des galères qui s’accumulent mais qui, après réflexion et méditation, ont un côté positif, comme souvent ! La première est qu’on donne tout notre liquide dans la location de 3 jours de voiture (c’est moins cher que de payer par carte). Et, quand on veut retirer du liquide dans un guichet hors d’une banque nationale c’est impossible. Après plusieurs échecs, on décide, quand même, de partir en direction de la péninsule de Valdès avec peu de Pesos en poche, dans l’espoir que l’on puisse payer l’entrée du parc par carte. C’est là que commence la deuxième galère, impossible de payer par carte. Heureusement, en faisant le fond de nos sacoches, on arrive en cumulant Euros et Dollars à décrocher nos billets d’entrée. Au centre d’information du parc, on demande si le camping se paie par carte (car le camping sauvage n’est pas autorisé) mais la réponse est à nouveau négative. Notre dernière chance, l’unique distributeur d’argent de l’unique ville de la péninsule, Puerto Pyramidès… Là aucune chance de retirer un billet car il est hors fonction, et de trois ! Résignés, on va vivre sans argent jusqu’à ce qu’un distributeur veuille bien régurgiter quelques Pesos. De toute façon, sur cette péninsule désertique, il est facile de ne rien dépenser.

On se rend, le premier soir, sur une plage où il est toléré de camper, et nous ne sommes pas les seuls à avoir cette information. Punta Pardelas est habitée par quelques camions et campeurs à notre arrivée. Le site est magnifique et nous trouvons enfin une plage où il fait bon de s’arrêter. Face à l’océan, notre nuit en tente est bercée par les vagues, un délice. Levés tôt car ici le soleil se pointe avant 5 h du matin, nous nous apprêtons à découvrir la péninsule durant cette journée avant que Meryl ne fasse quasi tomber la porte de la voiture… Nous qui croyions les galères derrières nous. Mais rien de bien grave, un petit coup de marteau, prêté par nos voisins belges en camion et la porte peut se fermer et nous rouler.

Rouler c’est le mot, presque 300 km à 60 km/h : Ici, la route est un mélange de gravier et sable (aux bons souvenirs Islandais). Le soleil, toujours aussi fort (30°C à 9h), réchauffe la piste qui se transforme en poussière sous nos roues et qui s’accumule dans la voiture et nos cheveux au fur et à mesure des kilomètres. Avant de voir les animaux marins, ce sont les terrestres que l’on aperçoit et que l’on évite sur la route. Parmi eux, on voit nos premiers Guanacos, un quadrupède à l’allure du lama (fourrure brune) et à l’agilité de la gazelle (il peut atteindre 65 km/h).

Ils se partagent la route avec quelques moutons et oiseaux à crête, les Tinamous élégants, qui le sont lorsqu’ils traversent la route en marchant.

A Punta Norte, on ne s’attend plus à voir des orques (trop tard dans la saison) alors on observe les femelles éléphants de mer mais pas de mâles en vus (car, c’est eux les vrais éléphants avec leur nez en trompe et pouvant atteindre 4000 kg). Plus petit, un Tatou velu nous file entre les jambes avant de se cacher dans son terrier.

Sur le chemin, on rencontre un jeune couple dont la fille a reconnu le visage de Meryl, et n’en démords pas. Après discussion, elles ont fait le même collège et connaissent, en plus, la même peste qui leur faisaient des misères… moment Picard.

La route, nous mène ensuite à Punta Cantor où l’on observe en contre bas des phoques et, au bord de la falaise, juste à nos pieds, les Manchots de Magellan. De taille moyenne (jusqu’à 76 cm), ils ont la même couleur que les pingouins, noir et blanc, eh eh ! Même si la ressemblance physique existe, ces oiseaux sont complétement différents. Les pingouins vivent dans l’hémisphère nord et ils peuvent voler ! Quant aux manchots, ils ne peuvent pas voler et ils vivent dans l’hémisphère sud. Leurs ailes leur permettent de nager dans l’eau.

Plus loin nous croisons des Nandou de Darwin, un cousin de l’autruche qu’il serait sympa de monter, lui aussi pouvant atteindre 65 km/h.

Ce soir, après avoir rempli nos gourdes d’eau potable au centre d’information, nous trouvons un autre endroit face à l’océan où il est toléré de poser sa tente. Douche naturelle dans l’océan et repas peu gastronomique avant que les premières étoiles apparaissent, donnant l’heure de se coucher (à peine 22 h).

Mercredi matin, nous passons à Isla de los Pàjaros, les oiseaux sont bien sur l’île mais l’île est trop loin du rivage. Notons que Antoine de St Exupéry (qui a passé une majeure partie de sa vie en Argentine) se serait inspiré de cette île pour dessiner son fameux boa constrictor avalant un éléphant.

Nous quittons ensuite cette grande péninsule pour rejoindre Puerto Madryn. Dans un premier temps, notre objectif est de se remplir les poches. Et oui, après discussions et e-mails avec nos banques et nos parents, on s’est rendu compte qu’on ne peut pas retirer non pas car on a dépassé nos plafonds mais parce qu’en Argentine, il faut se rendre dans une banque nationale pour avoir des billets. Les petits distributeurs hors banques ne prennent pas en compte nos cartes… à ne pas oublier (merci à nos assistances parentales en France pour l’aide). C’est donc avec le plein d’argent et d’essence que nous descendons, dans un deuxième temps, plus au sud.

2 h de route durant lesquelles on passe devant Trelew, une ville où on n’aimerait pas habiter, encore plus sale que celle de Tasiilaq (récit du Groenland). De manière générale, la pollution est un problème dans le coin, espérons que ça s’estompe plus bas ! Heureusement, Punto Tombo est plus sympa, au bout d’une route désertique, on arrive sur une pointe de terre bordée par l’océan et habitée par des milliers de Manchots de Magellan : 500.000 milles environ.

Le parc permet d’évoluer sur un sentier au milieu des manchots, qui loin d’être effrayés, traversent parfois le chemin et, auxquels il faut laisser la priorité. Vue la chaleur, rien d’étonnant que la plupart se cachent dans leurs terriers d’autant plus que certain couvent encore les petits qui naissent en Novembre. D’autres trouvent l’ombre sous les pontons en bois du sentier et, pour notre bonheur, beaucoup se baladent dans les champs jaunis en direction de l’océan, dans leur démarche autant caractéristique qu’amusante.

Le sentier doit faire à peine plus de 2 km A/R mais l’intérêt que suscite ces manchots maladroits (ou manchot) nous font rester 3 h malgré le soleil caniculaire.

Dans notre remontée vers Puerto Madryn, nous découvrons une belle plage sauvage (enfin pas tant au vu des tessons de bouteilles et foyers de feux), abritant de gros phoques et quelques oiseaux.

Cette fois-ci, on peut s’approcher des mammifères de très près et gratuitement. Ils jouent dans l’eau mais la plupart étalent leur graisse sur la plage et se chamaillent en imposant leur massive corpulence. Ouah !

Nul doute, notre bivouac se fera ici, animé par la traditionnelle douche océanique, quelques étirements et un repas frugale. La nuit est encore une fois agréable et même chaude.

Ce matin, le ciel est un peu couvert, un « peu » de fraicheur fait du bien pour remonter les kilomètres nous séparant de Puerto Madryn. Voiture lavée (1000 km en 3 jours sur des gravels roads, ça salit), tente montée au camping, nous profitons de la ville pour des joies que nous avions omises ces derniers jours : nettoyer son linge, prendre une douche, manger une salade et boire un soda. Et bien entendu se connecter à internet pour planifier la suite du voyage et écrire ces quelques mots.

La suite du voyage, c’est la reprise du stop pour descendre toujours plus au sud, peut être que le prochain récit sera écrit depuis Ushuaia…


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