Ete et hiver à Bariloche, Argentine, 19.02.2017
- Clem'trotter
- 19 nov. 2018
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 nov. 2018
Après 1 mois au Chili, nous voilà de l’autre côté des Andes. Nous revoilà en Argentine ! C’est à Bariloche, capitale de la région des Lacs, que nous reprenons notre activité favorite : la randonnée. La ville, très huppée, est entourée de montagnes et de lacs favorables aux activités aussi bien estivales qu’hivernales. Pour notre part, nous aurons gouté aux deux saisons en une semaine. Retour sur une semaine dans une ville aussi riche en rebondissements qu’en dépenses.

Après une dernière tentative en stop, nous quittons finalement le Chili et la ville de Futaleufù en bus. Un autre bus nous attend à la frontière Argentine et nous dépose, 2 h plus tard, à Esquel, grande ville peu accueillante au milieu du désert Argentine. Le lendemain matin, nous retrouvons nos vieilles habitudes d’auto-stoppeurs en tendant le pouce devant une station essence. Notre panneau indique Bariloche où l’on arrive 6 h après et grâce à 3 voitures différentes. Les 300 km de ce trajet débutent dans un désert minéral avant de retrouver, peu à peu, des montagnes verdoyantes et de finir sur la magnifique route 40 qui serpente entre lacs et montagnes.

Bariloche est loin de nous conquérir. La ville est très grande et semble sans âme. Ce qui la sauve c’est son emplacement au bord du grand Lago Nahuel Huapi et au pied de plusieurs Cerros. La ville est surnommée « la petite Suisse d’Argentine », mais un Helvete ne reconnaîtrait pas son pays en venant ici. A l’exception d’une place avec quelques édifices en bois et beaucoup trop de chocolateries, rien ne fait penser que nous sommes au pays de l’horlogerie. Ah si ! La plus grande ressemblance est le coût de la vie. En effet, Bariloche semble aussi cher que Lausanne !
Sans surprises, le prix des chambres privées est hors budget et le camping le plus proche est à 3 km. Enfin, nous trouvons un Hostel plutôt sympa (La Justina Hostel) où nous partageons un dortoir à prix « raisonnable ». Nous nous empressons de faire des courses et de préparer nos sacs pour 7 jours de trek dans les hauteurs de Bariloche. Un premier trek de 3 jours puis un second de 4 jours avec une pause entre les deux pour faire le plein de vivres. Voilà le programme !

Dimanche matin, nous prenons, après 2 h de retard, un bus pour se rendre à Catedral, un village qui abrite la célèbre station de ski éponyme. Nous ironisons sur l’absence totale de neige pour un mois de février et sommes vite accablés par la forte chaleur de l’été austral que nous avions encore peu ressenti. La première partie du sentier est poussiéreuse, sèche et transpirante mais offre de beaux panoramas sur le Lago Guttiérez en contre-bas et de magnifiques fleurs aux couleurs tout aussi chaudes que l’air ambiant.

Enfin, nous montons en sous-bois pour rejoindre, après un bon dénivelé, le refuge Emilio Frey situé à 1700 m au bord de la laguna Tonchek et au pied de plusieurs Cerros formant une chaine. Ici, se côtoient trekkeurs et grimpeurs. Il faut dire qu’il y a de quoi escalader. Les emplacements de tentes sont éparpillés sur les quelques lieux où les pierres n’ont pas poussé. Au vu de la chaleur, la Laguna sert de grande piscine pour tous. C’est un vrai bonheur de s’y délasser. Le coucher de soleil est superbe et le ciel s’éclaircit, à nouveau, sous un lever de lune incroyablement lumineux.

Le lendemain matin, nous sommes au bord du lac pour observer le lever de soleil, cette fois, à une heure convenable (7 h). Quand nous plions notre tente, il fait déjà très chaud et les premiers pas confirment le sentiment que la journée va être encore plus chaude que la veille. Rien d’étonnant d’avoir nos habits déjà trempés de sueur après une première montée dans les pierres qui offre au fil des mètres une vue dégagée sur la bleutée Laguna Schmoll.

Au col, nous nous demandons vraiment si c’est le bon chemin qui est indiqué dans la descente. Certes, la vue sur la vallée suivante est superbe mais le sentier est très abrupt, serpente entre des gros blocs et glisse sous nos pieds. Il faut être très attentif où nous posons les pieds surtout avec un sac dont le poids ne facilite pas l’équilibre. Enfin, nous marchons à plat et en sous-bois où nous pouvons enfin détendre le corps et l’esprit.

Mais cela ne dure pas, après une bonne pause pique-nique, il faut s’attaquer au second col de la journée. La montée est moins technique mais horriblement chaude. Nous regrettons le froid du sud patagon, et nous nous demandons pourquoi nous nous infligeons cela au lieu de bronzer au bord d’un lac. Sur les derniers mètres, les bâtons ne suffisent plus. Il faut s’aider des mains. Au col, souffle une petite brise qui sèche nos fronts perlants. La vue sur la Laguna Jakob où trône notre prochain refuge est magnifique mais la descente qui relie le col au refuge nous fait moins rêver. Nous retrouvons une trace verticale et minérale demandant autant d’énergie physique que mentale.

Une fois la tente montée, nous nous baignons et se prélassons sur les rochers ensoleillés que nous apprécions cette fois. Mardi matin, les quelques randonneurs présents partent en direction d’un refuge que nous rejoindrons mercredi par un autre chemin. Nous devons, en effet, redescendre pour nous ravitailler avant d’attaquer l’autre trek. Si le début est raide et bien ombragé, le reste est en plein soleil et vallonné. Cela nous semble interminable.

Arrivés au parking, nous croisons deux cyclistes allemands que nous n’avions plus revu depuis notre second jour sur la Carretera Austral, il y a un mois, improbable de se retrouver ici ! Après quelques échanges, nous rassemblons ce qui nous reste d’énergie (cela va très vite au vu de la fatigue et de la chaleur) pour rejoindre Colonia Suiza par une route poussiéreuse et surchauffée. Une camionnette s’arrête et nous avance de 3 km. Il en reste encore 3 que nous faisons à pied, aucunes voitures n’ayant pitié de deux corps en liquéfaction. Pour nous accabler un peu plus, le chemin longe le Lago Moreno où les gens se baignent, mais nous devons avancer.

Enfin le camping, nous posons la tente et sommes totalement assommés par la chaleur de ces 3 jours de treks techniques. Pour faire nos courses, nous arpentons le petit village très agréable de Colonia Suiza qui tient son nom des premiers colons suisses.

Au fil de la soirée, nous commençons à nous demander si nous allons prendre le départ du second trek. Si la météo prévoit une chute des températures, elle prévoit aussi une fin de semaine pluvieuse et ventée. Après une bonne pizza, sûrement la meilleure, nous retrouvons des forces et nous nous disons que nous allons faire le trek.

Mercredi matin, les poids des sacs encore plus lourds que le dernier trek et quelques passages non prévus aux toilettes nous font renoncer. Nous ne nous sentons pas capable d’affronter rien que la première journée d’autant plus que le soleil nous attend déjà. Nous changeons alors nos plans : jusqu’en début d’après-midi, nous profitons enfin de la chaleur en se baignant et siestant sur la plage du lac.

Dans l’après-midi, nous retournons sur Bariloche à l’aide d’un stop puis d’un bus. Les gérants de Justina Hostel s’étonnent de nous revoir si tôt mais heureusement, pour nous, il y a encore de la place pour ce soir. Dans la soirée, nous tenons une réunion « de crise » pour savoir ce que nous allons faire les prochains jours sachant que la météo semble peu favorable dans un rayon de 100 km ; que le porte-monnaie n’aime pas Bariloche et que nos corps sont fatigués même si nous souhaiterions, quand même, explorer un dernier recoin entre montagnes et lacs. La décision tombe après une bonne heure de grands débats… Ainsi, jeudi matin nous quittons l’hostel pour 3 jours de rando autour du mont Tronador (un glacier culminant à 3 500 m).
Pour y aller et en revenir le stop semble compliqué alors nous nous plions à la loi pécuniaire de Bariloche, et déboursons 1 200 Pesos (70 €) pour un A/R en bus qui dure 2 h, fou !!! Après quelques kilomètres sur la route 40, nous bifurquons sur une belle gravel qui nous emmène à l’entrée du parc où il nous faut débourser sans surprises 300 Pesos (18 €) pour continuer notre chemin. Avant de partir à l’assaut des chemins, nous faisons le point avec un garde du parc : « tous les chemins sont fermés » nous dit-il, pour cause de vent violent pouvant entrainer des chutes de branches. Merci de nous donner cette information après le paiement de l’entrée du parc !

Avec deux américains rencontrés dans le bus, nous discutons de la marche à suivre. Nous voyons bien que la pluie arrive mais l’A/R à 1 200 Pesos pour ne rien faire irrite un peu. Alors que le garde du parc devrait nous interdire de partir, il ferme les yeux et nous dit que nous risquons une amende (si un autre garde nous voit).
Tout cela semble tellement incohérent que nous décidons de partir direction le refuge situé au front du glacier Tronador. Très vite, la pluie s’invite dans une longue montée qui, heureusement, se passe en forêt. S’en suit un sentier bien raide qui nous fait sortir de la forêt. Nous continuons notre rando à découvert sous une pluie incessante. Entre deux nuages, nous apercevons une langue glaciaire puis un arc en ciel… Nous croyons à l’éclaircie mais c’est de courte durée. Nous rallions donc, dans une atmosphère hivernale et sous la pluie, le refuge.

Dans la salle chauffée par un poêle, nous rencontrons quelques randonneurs qui ont aussi bravé l’interdit et la pluie. Tous dorment dans un dortoir basique avec matelas au sol au prix acide de 450 Pesos (27 €). Nous préférons monter la tente sous la pluie et payer 150 Pesos permettant de profiter de la salle commune. Les chaussures et les habits sèchent près du poêle pendant que nous discutons en espagnol, anglais et français. Vu que nous ne voyons ni condors ni glaciers, nous parlons de la bêtise des gardes du parc qui au lieu de fermer les yeux devraient au minimum prévenir le refuge que des randonneurs arrivent, histoire de s’assurer que personne ne se perde sur le chemin délicat menant au refuge.

En début de soirée, la pluie devient blanche. Il neige et à gros flocons. Rien d’étonnant à 2 000 m au vu de la chute des températures. Quand nous partons nous coucher, les 100 m entre le refuge et la tente sont couverts de neige. Tout autant que notre tente que nous devons secouer pour éviter que le poids de la neige ne l’affaisse de trop. Activité que nous ferons toutes les heures face à des chutes de neige incessantes. Heureusement, notre matériel de couchage est bon face à la fraicheur nocturne.

Au réveil du vendredi matin, tout est blanc. Malheureusement, le ciel aussi. A défaut de raquettes à neige, c’est en claquette que nous faisons notre trace jusqu’au refuge. Le ciel semble parfois se dégager mais la neige a le dernier mot. Nous nous demandons si nous restons ici une nuit de plus en espérant une amélioration… La météo ne semble pas vouloir s’améliorer même demain. Alors, tout le monde se prépare plus ou moins bien pour redescendre : certains mettent des plastiques autour de leur pied, d’autres sont habillés comme pour trainer à la maison et les plus équipés sont en petites chaussures et même short. Ils sont fous ces Argentins ! A côté, les américains et nous semblons être prêt à grimper l’Everest.

La redescente est neigeuse puis pluvieuse. Nous sommes trempés rapidement ! Nous connaissons le chemin mais il demande précautions car très glissant dans ses parties les plus pentues. Les bâtons nous sauvent, quelques fois, d’un pas un peu fuyant. Interminable derniers kilomètres, nous arrivons enfin au parking, mouillés jusqu’aux os. Comprenant qu’il est inutile de continuer notre séjour ici, nous reprenons le bus de fin de journée et revenons sur Bariloche, une nouvelle fois plus tôt que prévu !

Notre retour anticipé à l’hostel surprend une nouvelle fois et nous surprend car aucunes chambres n’est disponibles cette fois-ci. Nous rencontrons Elsa et Charlie, un couple Français, dans le même cas que nous. Avec eux, nous réservons sur internet 4 places dans un dortoir à 4 rues d’ici. Si l’hostel La Justina était très agréable, nous débarquons dans ce qu’avec Meryl, nous détestons : une auberge pour jeunes ados préférant les bars aux montagnes et le bruit au calme. La chambre est sommaire mais au moins nous n’entendons pas le DJ, raté, enchainant les musiques à l’étage volume à fond !
Samedi matin, nous quittons Bariloche avec un goût un peu amer, entre plans annulés et porte-monnaie dévalisé. Mais, nous avons eu « la chance » de voir les alentours en mode été et hiver ! A la station de bus, nous croisons nos amis américains qui eux descendent vers le sud. Enfin espèrent, car la route est fermée pour 3 jours à cause des fortes pluies. Heureusement, nous roulons à bord d’un bus (pour la première fois) vers le nord, direction Villa Angostura, l’autre ville Suisse de la région des lacs.
La route est superbe et nous apercevons enfin le soleil qui donne des couleurs au lago Nahuel Huapi. Villa Angostura « ressemble » plus à la Suisse que Bariloche, par son architecture tout en bois, sa petite taille et son côté encore plus riche. Nous trouvons un camping où planter la tente et nous retrouvons Elsa et Charlie.
Alors que la pluie fait son retour, nous la combattons avec un bon BBQ maison : viande, pommes de terre et bananes/dulce de leche à la braise. Dimanche matin, la pluie ne cessant pas et le camping n’offrant aucun abri, nous cherchons un autre endroit où se loger. Booking, Airbnb, tout y passe et nous trouvons enfin notre toit. Jusqu’à mardi, nous sommes tous les 4 dans une sympathique petite maison où nous profitons de grands lits, d’une vraie salle de bain, d’une cuisine… bref une maison. Et surtout, nous pouvons regarder la pluie tomber sans être mouillé, ce qui était devenu rare les jours précédents.

Pour les prochains jours, nous planifions un trek au Chili (la frontière n’est pas loin). Trek que nous espérons ensoleillé. En attendant nous nous reposons dans notre maison « Suisse ».
Photos hivernales et/ou estivales de notre récit dans Photos de voyage, Argentine, Bariloche
Commentaires