Iles et plages (et déchets) de Semporna, Bornéo, 5.12.2017
- Clem'trotter
- 25 nov. 2018
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 nov. 2018
Bienvenue dans l’archipel de Semporna où plages, baignades, rencontres et paysages de cartes postales se partagent malheureusement l’affiche avec la pollution et l’insécurité.
Mais cette partie du Sabah, qui sent bon les vacances estivales, a été une bouffé d’air « frais » coincée entre la chaleur et l’humidité.

Heureusement que l’ile de Bornéo n’est pas plus grande qu’elle ne l’est déjà, car ses forêts primaires disparaissent au profit des plantations de palmiers, pour une issue que nous connaissons bien maintenant, l’huile de palme. Et depuis le début de notre périple en bus, les palmiers s’étendent jusqu’où notre regard peut se porter… verdoyant mais désolant, désolant pour la faune et la flore extraordinaire de cette ile ! Nul doute que s’il y a bien une chose que l’homme maitrise à la perfection, c’est la destruction !

A notre arrivée à Semporna, nous sommes définitivement convaincus que les Malais ne sont pas les rois de l’architecture et encore moins de la propreté. Mais les iles visibles au large nous donnent bon espoir de lieux plus idylliques. C’est sur l’une d’elle que nous allons retrouver Bojra, un ami espagnol avec qui j’avais passé quelques mois en Australie (il y a déjà 3 ans). Retrouvaille assez improbable sur une petite ile de l’archipel de Samporna baignant dans la mer de Célèbes.

Sur le ponton, nous rencontrons le boss de TRACC (Tropical Research And Conservation Centre) association pour laquelle travaille Bojra. Sonny vient de faire de grosses courses pour ravitailler le groupe de volontaire travaillant sur l’ile… ile qui répond au doux nom de PomPom island.
Minute info : PomPom island doit son nom à des arbres présents sur cette ile qui se nomment Pom. Il est dit que chacune des deux mangroves de l’ile abritent un arbre Pom, soit deux Pom, ce qui est égal à PomPom. Mais d’autres histoires expliquent le nom de l’ile. Du coup, personne ne sait vraiment l’origine du nom de PomPom. Pour nous, c’est sur cette île que doivent naitre toutes les pompoms girls du monde !

Apres avoir chargé nourriture, eau potable et matériel de construction sur le bateau, nous embarquons à notre tour. Pendant la traversée, nous croisons quelques villages flottants, des iles aux plages dorées et d’autres plus montagneuses mais aussi et toujours des détritus flottant dans cette belle mer aux nuances de bleus.

L’arrivée est superbe, une eau turquoise que lèche une plage de sable blanc elle-même bordée d’une végétation verdoyante. A la descente du bateau, je retrouve Borja, quelle belle surprise que ces retrouvailles ici même ! Il nous fait visiter le campement de TRACC, cabanes en bois défraîchis, tentes sous les arbres, construction avec du matériel de recyclage… un vrai camp de scout dans un lieu magique. Si Robinson avait eu plus de temps et de moyen, son camp aurait sûrement ressemble à celui-ci… nous sommes ravis.

Le soir, nous partageons le repas (savoureux) concocté par la cuisinière malaise, qui fait partie d’une équipe de quelques malais qui travaillent sur ce camp. Bojra nous explique que TRACC a pour vocation de redonner vie aux fonds marins détruits (le corail), ici, par la pêche à la dynamite. Ils sont plusieurs volontaires, essentiellement venus d’Europe, à proposer leur aide sur ce site, majoritairement des amoureux de la plongée, activité essentielle du travail et du loisir sur PomPom island. En ce moment, ils ne sont que 6 mais, au plus fort de l’activité, le camp compte une cinquantaine de volontaires. Nous ne pouvons que féliciter ce type d’initiative qui demande patience et amour de la plongée. Plein de quiétude, nous plongeons, nous, dans le sommeil.

Le lendemain, le soleil brille et brule dans un ciel aussi bleu que la mer pendant que nous découvrons l’ile en faisant son tour circulaire. Plage blanche, eau turquoise, palmiers et silence… c’est presque parfait. Mais le tableau n’est pas si blanc, encore une fois et même éloignées de la civilisation, les plages sont jonchées de détritus en tout genre. Les courant ramènent ces plastiques du « continent » et les resorts (au nombre de 4) sur l’ile ne sont pas non plus de tout reproche.

Nord, Est, Sud et Ouest offrent des plages avec néanmoins de beaux sites, des coins baignades et des photos cartes postales. Nous savourons sans trop regarder les déchets « cachés ». Apres 1h, nous terminons notre tour de cette micro île. Rapide, il est impossible de se perdre sur cette ile !

Le week-end, si, nous savons encore ce que c’est, nous le passons entre snorkeling, balade et « chile », l’activité essentielle quand la météo est capricieuse comme sur ces deux jours. Orage, coup de vent, ciel gris, puis éclaircie, lumière intense et orage de nouveau… nous patientons et saisissons les moments « secs ».

Sous l’eau, nous rencontrons multitudes de poissons tropicaux colores, et observons le travail de restauration du corail fait par l’équipe TRACC. Le système ressemble à de la bouture : on prend un morceau de corail que l’on dispose sur une pièce en ciment circulaire, pièce déposée sur un socle constitué de bouteilles en verre recouvertes de ciment, où le corail pourra grandir en se fixant aux bouteilles… Et ça marche, puisque nous avons plaisir à découvrir des fonds renaissant.

Autre grand plaisir aquatique, celui de l’observation des tortues vertes qui se baladent entre le récif corallien et les hautes profondeurs. Peu farouches, nous pouvons les suivre dans leurs déplacements gracieux qui deviennent spatial lorsqu’elles se retrouvent seules au milieu de la grande bleue… silencieux et majestueux.

Pour être complet, nous parcourons aussi les resorts hauts de gammes dont certain offrent des maisons sur pilotis surplombant les eaux coralliennes. A la saison basse, ces structures semblent des villages fantômes où les travailleurs locaux ne sont pas logés a la même enseigne, regroupés au fond du village dans des coins un peu moins paradisiaques.

Autour des resorts, des tourelles en bois sont disposées, elles n’ont pas pour but d’observer des oiseaux mais plutôt des pirates ! Malheureusement, l’ile de PomPom a subi des attaques de pirates philippins venus enlever des touristes pour réclamer des rançons… certains y ont perdu la vie. L’ile est maintenant sous haute surveillance, couvre-feu à partir de 18h, ronde de policiers et surveillance des eaux par des bateaux aux gyrophares. Et la surveillance s’étend aux autres iles de l’archipel ayant subi le même sort. Ces attaques de pirates philippins (les Philippines sont proches de Bornéo) sont commanditées, pour certaines, par le célèbre groupe Abou Sayyaf. Alors nous ne sommes pas sur nos gardes à chacun de nos pas, mais cette ambiance d’insécurité ne nous libère pas complètement. D’autant plus que nous avons récemment lu sur le site de l’ambassade française, qu’il n’est pas recommandé de voyager dans ces îles et plus encore, dans toute la partie sud-est du Sabah, où nous sommes maintenant depuis une semaine. Nous aurions dû garder notre fusil du Groenland !

Lundi, nous quittons le camp TRACC que nous remercions grandement pour leur accueil et surtout leurs travaux. Je dis au revoir à Bojra que je ne doute pas de revoir ici ou là-bas dans quelques mois. Le retour à la ville n’est guère réjouissant à l’exception de l’hôtel où nous profitons d’un air sec et frais et surtout d’une douche d’eau non salée qui nous manquait temps depuis 4 jours !

Mardi, nous profitons encore de l’archipel avec une sortie en bateau direction 4 sites entre balade et snorkeling. Le premier site, nous laisse perplexe. Le bateau s’arrête proche d’un village flottant où les enfants, embarqués sur des pirogues, viennent faire la manche. Et nous ne sommes pas le seul bateau, d’autres sont là et on se croirait bientôt au zoo. Affligeant ! Quand nous débarquons sur Bohey Dulang, c’est pour enfin grimper un peu. La grimpette est plutôt raide et transpirante mais le point de vue est à couper le souffle ! Pics verdoyants plongeant dans une mer aux fonds coralliens, magique ! Nous ne redescendrions pas… d’ailleurs la descente est bien plus difficile que la montée, entre racines et boue, il faut regarder où mettre le pied.

Sur le bateau, impossible de se faire bercer par les vagues, la mer, quelque peu agitée, nous fait rebondir, terrorisant les enfants de la famille malaisienne qui partage avec nous ce tour. La troisième escale, nous plonge dans une eau peu profonde et turquoise où nous observons toutes sortes de poissons tropicaux. A marée basse, un banc de sable blanc émerge pour offrir un spot photo hallucinant. Le soleil brûle et il devient difficile de distinguer la limite entre sable, eau turquoise et ciel.

Enfin, nous débarquons sur l’île de Sibuan qui offre une plage au sable blanc, encore une fois, mais très fin, un régal pour les pieds. Le ciel s’assombrie et le vent se lève, mais quand nous sentons les premières gouttes, la météo tourne et l’ile devient paradisiaque, à quelques exceptions près : encore une fois les détritus jonchent les plages + même s’ils sont ici pour notre sécurité, des cabanes de militaires armés avec des mitraillettes sont présentes. Ca ne donne pas envie de lézarder sur la plage + enfin, les enfants du petit village cherchent à apitoyer les touristes pour de la nourriture ou de l’argent. Ils sont envoyés par les parents, les plus grands portants leur petit frère ou sœur dans leur bras… le mélange de tout cela couplé aux touristes (dont nous faisons partis) donne une peinture au-delà du style abstrait.

De retour à Semporna, après cette drôle de « belle excursion », nous retrouvons notre hôtel où nous préparons la suite.

Demain, nous quittons l’archipel de Semporna (après 6 jours), qui, malgré la pollution, nous a fait du bien à la tête. Nous quittons même la région du Sabah direction celle du Sarawak, la plus grande région de Bornéo, plus au sud. Là-bas nous attendent de nouvelles aventures, pour lesquelles nous troquons le bleu de la mer pour le vert de la jungle !
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