Noël à Torres del Paine, Chili, 27.12.2016
- Clem'trotter
- 13 nov. 2018
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 nov. 2018
Dans notre dernier récit, on se demandait : Que pourrait-on faire au parc Torres del Plaine ? Quelles randonnées, puisque nous n’avions réservé aucun hébergement sur les treks connus du W et du O ? A l’heure où j’écrivais, il était impossible de prédir si nous arriverions finalement à réaliser le W !
Comment en est-on arrivé là ? Voici le récit de cette aventure riche en paysages et en stress !

Pour quitter Punta Arenas, on met nos sacs sur le dos, puis dans un caddie (plus facile à pousser qu’à porter) avant de les ranger dans le coffre d’un premier chilien qui nous sort de la ville. Nos pouces se mouillent en attendant notre seconde voiture. Enfin ! C’est avec un très sympathique chilien que nous sommes arrivons 250 km plus au nord, à Puerto Natales.

Une ville que l’on trouve tout de suite agréable. Bord de mer, rues propres et ambiance trekkeur sont un bon mélange. On s’installe dans une guesthouse oú on profite d’une chambre cosy pour préparer notre trip dans le célèbre parc national Torres del Plaine. C’est bien pour ça que cette ville respire la randonnée, car elle est le passage incontournable vers le parc chilien. Ici, on croise Romaric et Solène qui nous avaient quitté après le premier jour de trek de Los Dientes. Eux, ils font le trek du W. Ils ont réservé mais selon les « oui-dire », on peut tenter sa chance sans avoir réservé les campings.

Ne sachant pas trop, on préfère, pour le moment, découvrir le parc en dehors des treks pour profiter de camping hors réservations.
C’est un couple de canadien vivant au Costa Rica qui nous embarquent pour rejoindre le parc. En discutant avec eux, on se rend compte qu’ils ont déjà parcouru les 2/3 du monde, en même temps vu la vitesse à laquelle roule le mari (qui ne sert pas de la boite de vitesses), rien d’étonnant ! A défaut du monde, on se fait avec eux une première approche du parc, nous conduisant sur des divers sites du parc.

Après cette journée excursion, on les remercie et cherchons le meilleur emplacement pour notre tente dans un camping à la vue imprennable sur les sommets del Paine. Sous la pluie et le vent, la vue devient vraiment « in-prennable » ! On se réfugie sous notre préau 39, à l’abri du temps et des tatous qui sont de vrais voleurs de nourriture.

Au réveil, la météo a changé, c’est pire… sans nous déplaire, on referme le zip de la tente et du duvet. Au second réveil, à midi, on peut sortir. Le vent fort est aussi de sortie mais pousse les nuages. Sans plus attendre, on monte au sommet du Condor, petite montagne abritant les nids des oiseaux du même nom et offrant une vue magique sur le parc : entre lacs et montagnes spectaculaires. Les couleurs sont surprenantes et on ne s’en lasse pas malgré le vent qui nous enlace.

Le nom de Torres del Paine prend tout son sens là-haut, puisqu’il fait référence aux célèbres « Torres » les tours granitiques que l’on aperçoit au loin, et au « Paine » signifiant « bleu » en langage Tehuelche (Amérindiens de Patagonie, aujourd’hui disparus) pour la couleur des nombreux lacs du parc.

En bas, on rejoint une petite île où est installé un superbe hôtel à la vue aussi large que le tarif des chambres : 200$ en moyenne la nuit. Nous, on s’arrêtera à 2$ pour un chocolat chaud et avec la même vue ! La route entre l’hôtel et le camping est une carte postale (aussi délicieuse que notre gamelle du soir contenant lentilles et saucisses) !

Voulant profiter au maximum du ciel dégagé, on rejoint un autre hôtel qui offre une nouvelle vue, de nouvelles couleurs et un nouveau prix. Ici, c’est 800$ la nuit, dire qu’il y a des personnes qui payent ! Des marches en bois mènent à l’hôtel, on se retourne et avec les montagnes en toile de fond, nul doute, on tient la photo de couverture du lonely planet Chili ! Derriere, se trouve une puissante cascade un peu gâchée par l’hôtel peu en accord avec son environnement. Sur le retour, on a encore de quoi s’émerveiller du spectacle offert par la nature.

Après multiples discussions avec le gérant du camping, on comprend que notre rando prévue demain est impossible car fermée due à l’absence de ranger. Celui qui s’y risque et se fait attraper peut se faire exclure du pays. Nous, on vient juste d’arriver alors on replanifie notre projet. Il nous reste plus beaucoup de choix à part celui de prendre un ferry et rejoindre le trek du W pour, au moins, une étape à la journée en A/R. On entretien un peu plus l’espoir de marcher plus d’une journée sur le W quand le gérant du camping nous sous-entend qu’il est peu probable de se faire refuser une nuitée quand on arrive tard même sans réservations… Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Vendredi matin, direction le ferry à pied, 20mn depuis le camping selon le gérant et, heureusement, on prend de la marge car on mettra 1h15 (au pas de course sur la fin). Plus tard, on monte dans le ferry prêt à partir…

Espérons que le gérant ne s’est pas trompé pour les nuitées ! On débarque au refuge de Plaine Grande, point de départ ou d’arrivée du W. A peine 20 pas de faits qu’un ranger nous contrôle en passant devant sa cabane : « Vous venez d’où, vous allez où, vous avez une réservation ? ». On s’y attendait malgré les « ca passe » entendus des autres. Du coup, on répond vrai en disant qu’on fait l’A/R pour le glacier Grey et qu’on n’a pas de réservations mais on dit faux en disant qu’on reprend le bateau ce soir, notre objectif étant de continuer, si possible, plus loin sur le W. Avec nos gros sacs, le ranger n’est pas crédule, il se doute de notre entourloupe et nous attendra à notre retour.

Peu confiants pour la suite, on marche dans la légalité jusqu’au glacier Grey, branche nord-est du W. Au glacier, même si on anticipe déjà le retour, on contemple mais notre œil est habitué à ces masses de neiges transformées. La vue doit être plus impressionnante depuis le nord en venant du circuit O.

Le retour est long, ennuyeux et sans surprises, et c’est, aussi, sans surprises non plus que le ranger nous interdit de continuer. On n’est pas battu et on demande au camping de Plaine Grande s’il reste une place. La réponse est oui du moment où on paye en cash. Allez hop du black pour eux et une nuit pour nous : Ranger 1, Nous 1 !

Samedi matin, veille de noel, le plan reste toujours le même, continuer le W en faintant un A/R à la journée pour reprendre le bateau le soir. Zut ! C’est toujours le même ranger dans la même cabane « vous allez où cette fois toujours avec vos gros sacs et sans réservations ? ». A la vallée des Français mais promis on revient. « Ok mais marquez votre nom sur le registre et signez à votre retour, merci ». Rrrhh, ça semble à nouveau compromis, ça sent encore un A/R : Ranger 2, Nous 1. Après 2h de randonnée où certains randonneurs arborent des bonnets rouges à pompon blanc, on arrive au refuge Italiano, un camping rudimentaire gratuit qui marque la moitie du W. Ça serait dommage de faire demi tour ici alors on joue une nouvelle carte avec un nouveau ranger. On lui explique qu’on voudrait dormir ici mais que malheureusement on n’a pas eu le temps de réserver. Sympathique, il ne nous dit pas non mais ne pourra confirmer qu’en fin d’aprèm.

En attendant, on part découvrir la vallée Française, qui après une heure de montée offre un superbe panorama sur des glaciers qui vrombissent comme du tonnerre lors des avalanches. On continue un peu mais le chemin devient fatiguant et nous devons retourner au camping pour connaitre notre sort. Le ranger nous offre une nuit, youpi ! Reste-le check out que nous devons faire avec le premier ranger, sinon on risque gros. Les yeux de Meryl parlent et le ranger appel son collègue pour lui dire d’annuler le checkout car on dort ici : Ranger 2 – Nous 2. Dans le camping boisé et humide, on rencontre une famille française sympa avec qui on partage un réveillon très minimaliste.

Dimanche matin, c’est Noel et on se dit qu’on va réaliser ce trek, que le plus dur est fait. Cependant, la journée qui s’annonce semble longue et difficile surtout avec nos gros sacs. La météo est toujours favorable, ciel voilé mais pas de pluie et surtout pas de vent, incroyable pour ici. La dernière heure de marche est interminable, on pense même avoir passé le dernier camping. Enfin, dans un autre sous bois, voici quelques tentes…ouf on souffle mais pas longtemps quand un énième ranger nous dit que le camping est plein.

Gros dilem car on prévoit de se rendre pour le lever de soleil aux fameuses Torres del Paine. Si on doit redescendre au prochain camping, on sera à plus de 4h des Torres au lieu de 45mn…désespérant d’autant qu’on est crevé. On passe alors en mode siting. On s’assoit devant la cabane du ranger et on attend dans le froid. Meryl bluffe en disant au ranger que celui du refuge italiano nous a dit de tenter notre chance. Ça a l’air de faire son effet. Mais peu importe, il faut attendre 20h pour connaitre le verdict même si ça semble jouer en notre faveur quand le ranger nous dit secrètement que ça peut le faire mais il ne faut surtout pas le dire aux autres qui attendent comme nous. C’est vraiment too much surtout qu’il y a plein de places. Précisons que les résa’ obligatoires et la méfiance des rangers sont récentes et liées aux incendies provoqués par l’homme qui ont ravage des milliers d’hectares de foret…décidément, on récolte ce que l’on sème. Il montre du doigt à Meryl un emplacement, notre patience a payé : Rangers 2, Nous 3 ! Game over les power rangers ! On mange aussi vite qu’on plante la tente car demain lever à 3h.. vive les fêtes de noël reposantes et gourmandes.

Réveil matinal ce lundi mais motivation importante pour découvrir la merveille du W : les Torres del Paine. A 3h15, nous sommes les premiers du campement à allumer les frontales et à attaquer la dernière montée du trek. 1h plus tard, nous sommes au pied des Torres, dans le froid et la nuit mais devant un spectacle minérale somptueux.

La lumière fait peu à peu son apparition dans cet amphithéâtre où les spectateurs s’amoncèlent. Les 3 pics des Torres ne se dorent pas du rose attendu de l’aurore mais avec de la patience, les plus courageux sont récompensés par un soleil faisant la part belle aux nuages et donnant toutes ses couleurs à ce site de renommé !

Une sieste, un casse croute et ce qui a été fait à l’endroit la veille, est fait à l’envers aujourd’hui. Nous descendons donc les montées et montons les descentes mais plus rapidement. Cette partie du W est ultra fréquentée à la journée par des centaines de personnes aux profils de randonneurs bien differents. Le vent fait son retour sans crier garde, de manière violente comme pour conjurer son absence des deux derniers jours.

Les Torres nous regardent de haut, notre trek imprévu du W se termine non sans émotions et quand même un peu fatigues après 75km, 3300 m de D+ et 3700 D-.
Ce parc a été une vraie merveille, faut dire qu’on a joue de chance avec la météo et fait preuve de culot ! Par contre, si notre trek du W a été une réussite difficile, on ne serez que vous conseiller de réserver pour moins bluffer et marchez l’esprit plus libre.
Pour rentrer à Puerto Natales, c’est le stop et, surtout, un échec en plein soleil et sous des rafales de vents violentes, durant 3h. C est, donc, en bus que nous rentrons pour arriver et replanter la tente cette fois-ci en ville.

Aujourd’hui, c’est récupération, douche surtout, linge aussi et bon repas pour suppléer fruits de mer, foie gras et autres mets de Noël. La suite, c’est retour en Argentine pour découvrir d’autres sites naturels entre le Perito Moreno et El Chalten. On partage nos fêtes entre les deux pays de notre trip, noel au Chili et donc nouvel an en Argentine, pas de jaloux !!
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