Premières sensations à Bornéo, Bonéo, 29.11.2017
- Clem'trotter
- 25 nov. 2018
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 nov. 2018
Voilà une semaine que nous baignons dans l’atmosphère de Bornéo. Cette île aux dimensions gigantesques (3ème île au monde après le Groënland et la Nouvelle-Guinée) est partagée entre la Malaisie, l’Indonésie (plus grande partie) et le petit état de Brunei. C’est pour le moment dans la région nord de Sabah que nous prenons nos marques et découvrons une culture et une nature bien loin de nos pseudos habitudes de ces derniers mois… déboussolant

Décollage Paris, atterrissage Londres, redécollage Londres, atterrissage Kuala Lumpur, redécollage Kuala Lumpur et atterrissage final, enfin : Kota Kinabalu. 35h plus tard, nous nous dégourdissons les jambes dans les rues de la capitale du Sabah, Kota Kinabalu, qui aux premiers abords ne nous enchante guère. Le cœur de ville est peu attrayant et, malheureusement, pollué. Les odeurs sont virulentes. Heureusement, la ville jonche une forêt verdoyante et les marchés aux poissons, fruits et autres produits locaux donnent un peu de couleurs à cette triste ville.

Après 2 nuits, nous quittons la ville, quand le mini-bus est plein (soit 1h30 d’attente), dans l’espoir de faire connaissance avec ce qui couvre la majeure partie de l’île, la jungle ! Le bus serpente sur une belle route de montagne où culmine le Mont Kinabalu (plus haut sommet de l’Asie du sud-est) qui nous fait de l’œil… trop tôt pour le moment, nous ne sommes pas préparés à gravir tes 4 000 m.

A Ranau nous changeons de mini-van pour nous diriger vers la « rainforest » de Poring, première rencontre de cet univers qui nous est inconnu. A Poring nous rencontrons Dido et Didi, deux jeunes Malais qui nous conduise à Lupa Massa, un lodge rudimentaire perdu dans la forêt. Bananiers, feuilles géantes et soleil brûlant laissent peu à peu leur place à une végétation plus dense où la lumière disparait… Bienvenue dans la jungle !

Le lodge est effectivement perdu, très rudimentaire (peu entretenu) et malheureusement pollué… Quelques cabanes en bois/bambous et une rivière pour se rafraîchir, voici le site… Nous voulions du calme, nous sommes servis, surtout que nous sommes les deux seuls clients. Nous optons pour une cabane avec un matelas au sol et une terrasse avec vue sur l’infini jardin aux cents nuances de verts ! Dido et Didi n’ont de rigolo que leur prénom, ils ne sont pas très causants et peu aidants. Notre première nuit dans cette masse verte n’est pas de tout repos. Si vous croyez trouver le calme dans la jungle, alors n’y restez pas la nuit ! Sinon, concert d’insectes et d’oiseaux garanti. C’est étourdissant mais ça n’a rien d’une berceuse !

Quand le soleil se lève à 6h, rien d’étonnant que nous soyons donc déjà levé. Après le petit déjeuner, nous retournons au « lit », fatigués et, un peu, désarçonnés dans cet univers. Le repas de midi est servi à 11h, car Dido et Didi doivent aller en ville faire quelques courses, ou plutôt draguer les filles vues le temps qu’ils passent devant l’unique miroir de la cabane « cuisine ». Nous trouvons cela un peu étrange et non sécuritaire de nous laisser dans ce milieu aussi inhospitalier que dangereux (serpents, araignées vénéneuses). Ils nous indiquent l’unique sentier contournant le camp si on veut se « balader » pendant leur absence. 2h selon eux mais, moins d’1h plus tard où il faut être concentré, nous sommes déjà rentrés.

A notre retour, nous ne sommes pas seuls. Ce sont invitées, sur nos pieds et jambes, des sangsues ! Répugnants pas tant, difficile à enlever énormément. Sans sel et sans cigarettes (les moyens pour les faires décrocher) nous essayons de les brûler « un peu » au briquet pour qu’elles lâchent prise. Meryl est plus experte que moi dans cet art de « l’enlevage de sangsue ». Non que je n’y arrive pas, mais je brûle Meryl autant que la sangsue ! En fin de journée, Dido et Didi sont de retour avec un groupe de 7 personnes et leur guide, qui nous apprend que, la meilleure solution pour décrocher une sangsue, est de la masser délicatement du bout du doigt… bref, faire un câlin à un truc qui vous suce votre sang… fallait y penser !

Le soir, nous participons à la seule activité proposée ici, une marche nocturne. Ouf, enfin quelque chose à faire. Lumière à la main et chaussettes remontées, nous découvrons grâce aux yeux de chats de Didi et Dido, une vipère aussi verte que les feuilles où elle est perchée, une mini grenouille, quelques oiseaux et surtout, un des fameux sticks insecte qui se confond et même prolonge le support sur lequel il se trouve, une branche. Introuvable pour un œil novice.

Le lendemain matin, nous quittons Lupa Massa, un peu déçus mais content d’avoir fait connaissance avec la jungle qui nous demande plus d’acclimatation qu’un sommet à 5 000m pour s’y sentir bien. Nous faisons le retour seul (1h), et découvrons encore de nouveaux bruits et insectes. Arrivés à Poring, nous retrouvons la civilisation et surtout la lumière ! L’endroit est bondé. Il faut dire que ce sont les vacances et que Poring offre diverses activités nature. Comme les locaux, nous déambulons, d’abord, sur une Canopy Walk : des ponts suspendus passant à mi hauteur de la forêt pour enfin voir la végétation d’en haut !

Nous suivons ensuite un chemin grimpant vers une grotte, nommée « bat cave ». C’est sans surprise que nous y découvrons des milliers de chauve-souris en arrivant. Nous restons à l’entrée de la grotte, nul envie d’aller plus loin. Le risque : une glissade sur les rochers mousseux ou une déjection de ces mammifères vivant la tête en bas. Sur le retour, rafraîchissement au pied d’une cascade où nous profitons pour nous faire grignoter les pieds par de gentils petits poissons qui doivent être insensibles à nos odeurs.

Le midi, nous mangeons, enfin, un bon repas. Jusque-là, c’était soit trop piquant, soit pas assez « frais ». Là, on se délecte de bons légumes, de poulet mariné au citron et d’un bon thé glacé ! Un taxi, nous ramène, ensuite, à Ranau où nous posons nos sacs dans un hôtel aussi vétuste et peu attrayant que la ville elle-même. Rien à y faire à part une lessive. La nuit est aussi bruyante que dans la jungle, mais les cris humains y font plus peur !

Ce lundi, pendant que nous attendons un bus pour quitter Ranau, nous discutons avec deux jeunes filles dont l’anglais (ancienne colonie britannique) et la gentillesse traduisent deux points forts des Malais. Car, si pour le moment, les villes et l’atmosphère ne nous donnent que peu de réjouissances, les habitants eux, sont souriants et serviables.

Dans le bus, la climatisation et l’odeur des toilettes cumulées à une route sinueuse demandent concentration pour ne pas tourner de l’œil ! La pause repas du midi, dans un bouiboui à l’odeur encore plus forte que celle du bus, nous convint de juste manger un paquet de chips. Des chips sûrement à l’huile de palme, huile provenant des millions de palmiers que nous suivons depuis quelques kilomètres. C’est incroyable et triste de voir la superficie de ces plantations qui détruisent, peu à peu, une végétation primaire.

Après 5h sans avoir vomi, nous quittons le bus pour un taxi qui nous mène vers notre prochaine escapade. La route est maintenant uniquement encadrée par des plantations de palmiers à perte de vue, c’est mieux que du béton, mais en aucuns cas plus écologique !
C’est une grosse pluie, la première, qui nous accueille dans la région du Sungai Kinabatangan. Ici, nous venons découvrir le fleuve Kinabatangan, long de 560km, et surtout la faune qui y vit. On a entendu parler de toutes sortes de singes, crocodiles et éléphants pygmées ! C’est Osman qui vient nous chercher en bateau, le propriétaire du homestay où nous restons pour découvrir le site et la vie locale. Avec lui, nous naviguons sur un fleuve large, boueux et entouré d’une forêt épaisse et verdoyante. Ça doit être à cela que ressemble le fleuve Amazone.

Sa femme nous fait débarquer sur le ponton qui borde un magnifique jardin où trône une maison simple mais agréable. Un grand salon, quelques chambres et une terrasse avec vue sur le fleuve, tout ca dans un cadre reposant. La famille d’Osman, c’est 5 filles et autant de chats, Meryl n’est pas si dépaysée.

Après quelques échanges qui ne mettent pas à l’aise (Meryl est qualifiée de « mauvaise fille » à cause de ces tatouages), nous embarquons avec Osman pour une première découverte du fleuve. Rapidement, nous découvrons des singes et macaques. Ils sont par dizaines et jouent avec agilité dans les arbres. Parfois nous, enfin Osman, voit les yeux d’un crocodile dépassés. Meryl et moi ne sommes pas assez rapides, il s’est déjà immergé… Surtout ne pas tomber du bateau ! Plusieurs calaos de Bornéo (huit variétés) voltigent au-dessus de nos têtes. Certains d’entre eux sont dotés d’une sorte de double bec, étonnant !

Et là, un autre singe ! Mais si, là « in the green tree » comme il dit. Enfin, des arbres verts ce n’est pas ce qu’il manque ici ! Mais ca y est, nos yeux se sont posés sur ce singe au grand nez, c’est le fameux nasique. Il est très grand (surtout le mâle) et prend des positions humaines dans les arbres… l’un est assis avec les mains sur les genoux, comme s’il avait quelque chose à nous dire. Et quand il ouvre la bouche, on est étonné. On le croirait en train de nous sermonner viruleusement.

Minute info : le mâle nasique dominant possède un harem, tandis que les autres mâles forment un groupe de vieux garçons qui essaient d’impressionner les femelles. Plus le nez du mâle est gros et tordu, plus ce dernier plaît aux femelles, dont le nez est minuscule en comparaison (cela laisse finalement de l’espoir à plein d’hommes).

Ce qui reste déjà gravé comme un des plus beaux souvenirs de notre jeune expérience de Bornéo, c’est la rencontre avec les éléphants pygmées. Sur un bras du fleuve, nous nous arrêtons à côté d’un autre bateau. Ils sont là, sur les rives boueuses et forestières du fleuve. Si nous n’en voyons qu’un ou deux au départ, nous s’en entendons et nous nous rendons vite compte qu’ils sont beaucoup plus nombreux, tout comme les bateaux qui s’agglutinent autour de nous.

Et puis, toute la tribu se met progressivement à l’eau, joue, crache de l’eau, et cri ! Un régal pour nous et les autres bateaux (on se demande quand même si nous ne sommes pas trop prêts et envahissants pour ces pachydermes). Nous leurs faisons place, ils s’alignent tel un départ de 100m et, après quelques hésitations, le premier se lance et les autres suivent. Le spectacle est ahurissant. Voir ces « petits » éléphants sur la berge. Mais quand l’un d’entre eux, un jeune, se jette à l’eau pour traverser le fleuve, nous restons subjugués. Malgré son poids, il arrive à nager jusqu’à l’autre berge, et se retrouve à une dizaine de mètres de nous, mangeant tout ce qu’il trouve… un moment émouvant. Oubliez le crawl ou la brasse coulée, la meilleure façon de traverser un fleuve c’est « à l’éléphant ». La sortie vaut, elle, un 1/10 en note technique.

Nous rentrons, après deux heures d’excursion, pour un repas bien mérité après tous ces efforts… nos yeux et nos émotions ont été mis à forte contribution ! Nous partageons un début de soirée avec la famille, devant l’écran plat (personne n’échappe à la technologie) qui diffuse le « Plus belle la vie » local.

Levés 5h30 pour une excursion matinale, à la recherche des orangs-outans. Quand nous montons sur le bateau, la forêt est elle encore endormie, nappée d’une brume épaisse se dispersant au fur et à mesure que le soleil s’élève… un moment calme et féerique. Nous côtoyons macaques, nasiques, oiseaux et puis, Osman fait demi-tour et nous montre un nid d’orang-outan au sommet d’un arbre, quel coup d’œil ! Un peu plus loin, camouflé dans le feuillage, il est là, assis tranquillement sur une petite branche malgré ses 50kg, un orang-outan prend son petit déjeuner à l’abri des regards, ou presque. Il est haut perché et bien caché mais avec les jumelles on le devine, quel spectacle.

Minute info : le terme orang-outan signifie « homme des bois ». Il est la seule espèce de grand singe vivant hors du continent africain. Les mâles peuvent atteindre 144kg pour 2,25m d’envergure. Des bajoues hypertrophiées indiquent un mâle dominant. On disait jadis qu’un orang-outan pouvait traverser Bornéo d’arbre en arbre sans toucher le sol. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, d’autant que la chasse et la destruction de leur habitat continuent. On estime à moins de 15 000 le nombre d’individus vivant à l’état sauvage.

On se demande encore, comment Osman a-t-il pu voir ce deuxième orang-outan, quelques minutes plus tard. Plus petit mais au poil plus orangé, celui-ci se montre et vagabonde de branches en branches d’un bras puis son visage nous apparaît au travers le feuillage de l’arbre. Il nous fixe, le moment est fascinant. Nous sommes privilégies, en deux sorties, nous avons vu les deux icônes du fleuve : l’éléphant pygmée et l’orang-outan. Il ne faudra pas compter sur le rhino de Sumatra, il ne reste plus que 2 individus sur toute l’île et Osman ne les a jamais vus en 45 ans !

Au fil de la journée, la météo change, et en début d’après-midi c’est l’orage ! Il fait bon être dans la maison d’Osman plutôt que sur son bateau. Mais plus la journée avance moins on se sent bien sur cette terrasse. La pluie ne cessant pas, nous patientons tranquillement pendant qu’Osman commence à devenir peu agréable. Pour faire court, il nous met très mal à l’aise en nous racontant tous les dangers que l’on peut rencontrer dans ce coin de Sabah. Qui plus est, il finit par nous parler de manière un peu trop directive. On préfère s’enfermer dans notre chambre et attendre le départ du lendemain matin.

Ce matin, nous quittons donc ce lieu que nous retiendrons plus pour ses rencontres animales qu’humaines. Un taxi puis un bus nous conduisent vers le sud, toujours sur des routes traversant des collines de palmiers à perte de vue. Nous voici maintenant à Lahad Datu, une ville qui ne restera pas dans nos mémoires, vous nous direz une de plus dans le Sabah.

Dès demain, nous rejoignons la ville de Semporna, changement de cadre, puisque d’ici nous allons rejoindre, on l’espère, les îles constituant l’archipel de Semporna. Plage et snorkeling sont au programme dans un des plus beaux cadre de plongée au monde. Mais nous ce que l’on veut avant tout, c’est de la douceur de vivre et une expérience dans le Sabah qui nous donne envie de continuer l’aventure ici…
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